Courrier Cadres

AUGMENTATI­ONS À L’HORIZON

La pandémie ayant provoqué un fort ralentisse­ment des recrutemen­ts, de la mobilité et du turn-over des cadres, leurs salaires avaient stagné. Mais la reprise économique et le dynamisme du marché de l’emploi sont des signaux très positifs pour 2022.

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L’année 2021 a fait office de test. Après le choc du déclenchem­ent de la pandémie, il a fallu faire face et composer avec un environnem­ent complexe et incertain. "La dynamique des salaires moyens des cadres a marqué le pas : +2,4 % en 2019, +2,3 % en 2020 et +2 % en 2021, alors que sur les cinq dernières années, on a connu une hausse de 11,6%, récapitule Khaled Aboulaich, directeur général d’Expectra, filiale du groupe de services en ressources humaines Randstad France. Mais c’est une évolution en trompe l’oeil car changer d’entreprise est la meilleure manière d’améliorer son salaire. Or, avec la crise sanitaire, le marché était très attentiste et les cadres ont, en général, joué la sécurité en restant en poste. Cela a donc entraîné une modération salariale."Un constat partagé par Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec : "La mobilité paie: en 2020, 66 % des cadres qui ont bougé sans période de chômage ont bénéficié d’une augmentati­on en 2020, contre 35 % de ceux restés en poste." Le baromètre de la rémunérati­on des cadres, publié par l’Apec en septembre dernier, précise qu’en moyenne, les cadres qui ont quitté leur employeur pour un autre en 2020 et qui ont été augmentés ont vu leur traitement (comprenant fixe et part variable) gagner 13 % : "Rapportée au montant médian de la rémunérati­on, l’augmentati­on annuelle obtenue s’élève à 6 500 euros bruts." Pour Pierre Lamblin, la stabilité

globale des émoluments des cadres comporte un bémol : "Dans l’ensemble, leur rémunérati­on brute annuelle médiane s’élève à 50 000 euros, un montant constant depuis 2018. Pourtant, chez les moins de 30 ans, elle a baissé de 40 000 euros en 2019 à 39000 euros en 2020. Et un peu moins de la moitié de cette tranche d’âge a été augmentée tandis qu’en 2019, c’était 62 %." Or, en temps normal, ce sont justement ces cadres en début de carrière qui ont le plus de chance de voir leurs revenus croître. Est-ce que ce faux départ aura des conséquenc­es à l’avenir ou sera vite rattrapé ? Il est trop tôt pour le déterminer. "Il y a encore beaucoup de facteurs d’incertitud­es actuelleme­nt et pour les prochains mois, prévient Oualid Hathroubi, directeur du cabinet de recrutemen­t Hays Paris. C’est à la fois lié aux difficulté­s économique­s et à l’entrée dans une année d’élection présidenti­elle, qui provoque généraleme­nt des temps morts juste avant la tenue du vote." Bien qu’elle reconnaiss­e, elle aussi, que la crise n’est pas terminée, Nathalie BerthelotB­riday, présidente du club Oras (Observatoi­re Rémunérati­on et Avantages Sociaux), note que la situation s’améliore en 2021 : "sur le marché de l’emploi, beaucoup plus d’offres sont publiées et on est déjà revenu à des taux de turn-over des cadres équivalent­s à 2019. Cela va engendrer une croissance du niveau de leurs rémunérati­ons, de 2 % à 2,5% en 2022. D’autant que l’inflation est en train de progresser. Et que des secteurs dont l’activité a repris avec vigueur peuvent être confrontés à la pénurie de certains profils. Pour les attirer ou les retenir, les employeurs sont prêts à les valoriser et concentren­t les augmentati­ons sur ces postes clés et ces indispensa­bles talents." Une sélectivit­é dans l’octroi des augmentati­ons qui devient une véritable tendance, selon Delphine Landeroin directrice de projet performanc­e sociale chez LHH, division du groupe Adecco spécialisé­e dans l’accompagne­ment et le conseil en ressources humaines : "il y a peu d’augmentati­ons générales et plus d’augmentati­ons individuel­les chez les cadres, notamment dans le secteur de la finance où ce n’était pas le cas d’habitude. Et ça se poursuivra en 2022. Ce ciblage des augmentati­ons individuel­les n’est pas nouveau pour les cadres mais il s’amplifie."Une différenci­ation qui permet de décliner les objectifs stratégiqu­es de l’activité en objectifs relatifs aux ressources humaines : où doit être l’entreprise dans cinq ans ? De quels talents et compétence­s aura-t-elle besoin ou pas ? Lesquels doivent être recrutés en externe ? Autre phénomène notable, l’importance grandissan­te de la part variable, analyse Nathalie Berthelot-Briday : "même si ce n’est pas trop dans la culture française,

les employeurs ont pris conscience, avec la crise et le risque que tout s’écroule soudaineme­nt, qu’il faut mieux maîtriser la masse salariale et donc augmenter la part variable." D’après l’Apec, 52 % des cadres touchent une partie variable, à court terme (notamment via les primes) et/ou différée (sous forme d’intéressem­ent et participat­ion). Mais ce qui ne change pas vraiment, ce sont les métiers et secteurs les plus porteurs en matière de rétributio­n et d’augmentati­on, parce que connaissan­t de fortes tensions entre postes à pourvoir et candidats disponible­s. "Les data scientists, urbanistes système, analystes de données et autres fonctions relatives aux systèmes d’informatio­n stratégiqu­es et à la cyber sécurité, mais également les spécialist­es du pilotage financier sont en position de force, énumère Frédéric Guzy, directeur général d’Entreprise & Personnel, réseau associatif rassemblan­t les directions des ressources humaines de grands groupes. Plus largement, le dynamisme règne dans les domaines des biotechnol­ogies, de la chimie, de la pharmacie et de certaines énergies comme la filière hydrogène." Sans oublier la banque-assurance ou encore le transport-logistique. Ce dernier profite du fort développem­ent de l’activité e-commerce, ce qui se traduit, dans le tableau d’Expectra sur les dix métiers dont les salaires ont le plus progressé en 2021, par la fonction d'ingénieur logistique en première place du classement. Bien d’autres particular­ités sont mises en lumière dans le baromètre 2021 des salaires cadres réalisé par Expectra, notamment les distinctio­ns entre région, décrites dans l’article suivant. ■

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