PAS DE RÉVOLUTION ENTRE PARIS ET LES RÉGIONS
Traditionnellement supérieures en Île-de-France comparées au reste du pays, les rémunérations des cadres ne connaissent pas de bouleversements majeurs mais des ajustements dans un contexte de guerre des talents.
En toute logique, les salaires des cadres franciliens sont plus élevés puisque le coût de la vie est supérieur et que le territoire concentre grands groupes, sièges sociaux, centres de décision et secteurs économiques porteurs. En 2020, l’Apec a ainsi calculé qu’en Île-de-France, la rémunération médiane annuelle (parts fixe et variable) atteignait 55 000 euros, contre 54 000 euros l’année précédente. En région, elle est restée stable pendant deux ans, à 48 000 euros. Mais au-delà de cette vérité qui semble inaltérable tant la France est un pays centralisé, la crise a brouillé quelques repères et rebattu les cartes du classement annuel effectué par Expectra. Dans son baromètre 2021 des salaires cadres, la filiale du groupe de services en ressources humaines Randstad France constate que "le SudOuest, l’une des régions les plus impactées par la crise (avec sa dépendance à l’aéronautique), voit pourtant ses salaires augmenter de 3,3%. Une performance qui la propulse sur la première marche du podium. Et qui peut s’expliquer par la pénurie de cadres qui touche la région (…) Cette hausse est notamment soutenue par la reprise des activités du spatial, par le dynamisme du BTP et par une forte tension dans le secteur de l’IT." En deuxième position des plus fortes progressions de rémunérations des cadres, le Nord-Est, également très affecté par le ralentissement économique, affiche +2,8%, légèrement au-dessus de la moyenne nationale. L’Île-de-France complète le trio de tête, avec +2,1 %. Ailleurs, on passe en dessous des 2 %, ce qui équivaut à un statu quo.
En guise de comparaison, en 2019, le top 3 était constitué par Rhône-Alpes (+3,5 %), Provence-Alpes-Côte d’Azur (+3,3 %) et l’Île-de-France (+3,2 %). Cette différence marquée d’une année sur l’autre est, selon Expectra, la "preuve que là où l’activité et les recrutements reprennent de plus belle, la pénurie de candidats s’accentue et fait monter les enchères." Or il y a fort à parier que la guerre des talents annoncée pour 2022 va encore accentuer les hausses de rémunérations dans toutes les régions. A fortiori celles qui, pour lutter contre la pénurie de hauts profils, chercheront encore davantage à attirer les Franciliens, plus ouverts à l’éventualité d’une mobilité géographique depuis le début de la pandémie, afin d’améliorer leur qualité de vie.