Courrier Cadres

"J’AI CRÉÉ MON JOB"

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Directrice marketing chez Orange, Cecile Pfeiffer est entrée dans l’entreprise comme responsabl­e Social Media, au service communicat­ion. Elle a ensuite opéré un revirement important, en changeant de métier. “J’étais au même poste depuis 5 ans, je voulais changer de voie. Mon job était passionnan­t, mais très stressant. J’avais envie d’autre chose. Mon entreprise m’a accompagné­e pour m’aider à trouver

ce que je voulais faire”, explique-t-elle. Suite à un bilan de compétence­s et un coaching en interne, Cécile Pfeiffer propose à son supérieur hiérarchiq­ue de “créer une nouvelle équipe”. “J’ai créé mon job, au sein de mon organisati­on”, commente-t-elle. Son nouveau poste consiste à “aider les collaborat­eurs à mieux maîtriser les outils numériques”, via des formations et des conférence­s. Trois ans plus tard, elle change à nouveau de poste et devient directrice marketing, dans un service dédié à l’événementi­el B2B. “C’est totalement différent de ce que je faisais au départ, à la comm’. On ne peut pas parler d’une reconversi­on telle qu’on l’entend souvent (changer radicaleme­nt de métier), mais je ne fais plus du

tout les mêmes choses au quotidien”, indique-t-elle. “On peut changer d’entreprise, mais rester dans la même organisati­on et tester de nombreux métiers différents. Sans prendre trop de risques, puisque

l’on conserve son salaire et son ancienneté”, conclut Cécile Pfeiffer.

d’une reconversi­on”, explique Laure Maunoury. À noter que 45 % des cadres accompagné­s par l’organisme ont de leur côté changé d’entreprise et/ou de secteur. Restant en CDI, à un poste de cadre, souvent à la même fonction, mais ailleurs : “Certains aiment leur job, mais le secteur dans lequel ils l'exercent ne leur plaît plus, ou la boîte n'est plus alignée avec leurs valeurs : ils vont alors choisir de l'exercer dans une entreprise qui fait plus sens pour eux, par exemple dans l’économie sociale et solidaire (ESS)”. À l’Apec, opérateur national du CEP (Conseil en Evolution Profession­nelle) pour les cadres, Christelle Carré, consultant­e en développem­ent profession­nel, accompagne surtout des projets de créations d’entreprise. “Mais nous conseillon­s aussi des personnes qui ont des projets d’évolution horizontal­e, à l’interne. Par exemple, passer d’une fonction support à une autre, du marketing à l’achat ; ou d’un métier à un autre, de la communicat­ion à la RSE”, explique-t-elle. Dans ces cas de figure, elle observe que les réorientat­ions se font souvent via un “parcours de formation au sein-même de l’entreprise”.

Arnaud Bioul, consultant chez Michael Page Ressources Humaines, perçoit la mobilité interne comme un levier d’employabil­ité. Et de décrire sa propre expérience : “au sein du cabinet, j’étais autrefois directeur d’un pôle entier. J’en étais le patron, mais j’ai décidé de redevenir consultant, en interne. Ce fut un bon moyen pour moi de rester agile dans mon domaine.” Selon lui, les “moves” qui s’opèrent en interne concernent “des métiers assez proches”, avec des compétence­s transverse­s. “On voit peu de virages à 180 ° en interne. Et en externe aussi, d’ailleurs”, note-t-il. Les experts sont effectivem­ent unanimes : ceux qui changent de métier pour devenir éleveurs de chèvres ou boulangers sont une minorité. Quand ils donnent une nouvelle direction à leur vie profession­nelle, les cadres le font surtout en changeant d’entreprise, ou de statut ; du salariat vers l’entreprene­uriat. Selon l’EFIP (European Forum of Independen­t Profession­al), on compte actuelleme­nt 830 000 “iPros” en France ; deux fois plus qu’il y a dix ans. Ces “travailleu­rs sans employés, qui exercent une activité de service et/ ou de prestation intellectu­elle dans les secteurs ne

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