MBA ET EMBA LA CONDUITE DES CHANGEMENTS
Une carrière se construit à coup de progression et de renouveau. Pour les cadres ambitieux en quête d’ascension, de sens ou des deux, les MBA et EMBA sont autant de solutions. A l’heure des incertitudes liées à la crise, ils sont aussi des outils d’adaptation aux changements personnels et aux transitions structurelles, repensés au rythme des tendances de fond du marché.
Avec toujours plus de business school présentes dans les très scrutés rankings "MBA" et "Executive MBA" (EMBA) du Financial Times, la France s’impose dans le paysage des diplômes de management internationaux de haut niveau. En matière de MBA, le classement publié en février 2022 place l’Insead (3e), HEC Paris (8e), l’Edhec (73e), l’Essec (64e) et l’EM Lyon (89e) dans le top 100. S’agissant des EMBA, le dernier classement d’octobre 2021 est même dominé par HEC Paris (1er) et cite l’ESCP (6e), l’Insead (15e), l’Essec (45e) et Kedge Business
School (48e) dans le top 50. Si les Master of Business Administration n’ont pas encore la même cote en France qu’aux États-Unis, leur pays d’origine, ces formations de cours de carrière continuent de séduire toujours plus de cadres.
Les MBA sont destinés aux jeunes cadres de 29 ans et six ans d’expérience en moyenne cherchant à accélérer leur carrière ou à la changer complètement. Soit les "leaders de demain", selon l’expression presque consacrée. Les EMBA, quant
à eux, concernent des cadres de 39 ans en moyenne et à la solide expérience professionnelle (10 ans minimum), visant des postes de responsabilités générales ou encore une aventure entrepreneuriale. Ces deux filières présentent des points communs forts : la dimension internationale du cursus et l’immersion au sein d’un environnement riche de multiples nationalités, parcours et cultures professionnelles. Selon Stéphane Canonne, directeur executive education et MBA à l’Edhec Lille, ces formations desservent le plus souvent trois grandes finalités. "La première est d’avoir une évolution en termes de responsabilités au sein de l’entreprise .La deuxième, comme les MBA et EMBA sont de formidables creusets de diversité, vise un changement de secteur d’activité ou de métier. La troisième, qui concerne environ 30 % de nos participants, est de se lancer dans une aventure entrepreneuriale :nous entrons alors dans une logique d’accompagnement et d’incubation", précise-t-il. Durant les 16 mois de formation à temps plein du MBA ou les 18 mois à temps partiel du EMBA (les participants restent en poste durant leur parcours), les cadres étudiants travaillent leur transformation professionnelle sous toutes ses formes. "Sur la promotion 2021 du MBA, 79 % des participants ont changé d’industrie à l’issue du parcours, 67 % ont changé de fonction et de responsabilités au sein de leur structure et 62 % ont changé de région ou de pays", énumère Andrea Masini, directeur des programmes MBA et Executive MBA chez HEC Paris.
UN OUTIL DE TRANSFORMATION PROFESSIONNELLE
On le dit, on le répète, MBA et EMBA ont pour vocation de donner un nouveau ou un second souffle à une carrière déjà bien entamée. "On parle de triple jump, autre poste, autre secteur, autre pays. C’est avant tout un formidable outil de transformation professionnelle. Les participants investissent sur eux-mêmes pour se projeter plus efficacement sur leur deuxième partie de carrière", complète Stéphane Canonne. Une analyse partagée sans surprise par Andrea Masini, son homologue chez HEC : "Si vous suivez un MBA au bon moment et avec un bon projet, vous pouvez parvenir jusqu’à presque doubler votre salaire en accédant à des responsabilités générales."
De l’avis de l’ensemble des responsables pédagogiques de ces formations au sein des grandes business schools et des actuels ou anciens participants, la grande force des parcours MBA réside notamment dans leur dimension internationale. "Un élément très important est l’immersion qui caractérise ces formations, au sein d’un environnement riche de la diversité des profils qui composent la promotion. Être confronté à des cultures professionnelles diverses, c’est fondamental pour développer les capacités de leadership recherchées sur le marché", ajoute le doyen MBA et EMBA d’HEC Paris. Preuve de cette diversité, le parcours MBA de HEC Paris réunit aujourd’hui quelque 365 participants, dont 95 % d’étudiants internationaux et 60 nationalités. Autrement dit, les participants viennent trouver des savoirs théoriques et des outils pratiques qui s’acquièrent par l’entretien d’une émulation collective entre cadres expérimentés. Un parcours pour progresser entre pairs, professeurs compris, comme le confirme le directeur executive education de l’Edhec : "Nous ne sommes pas dans une logique d’étudiants face à un professeur, nous somme entre professionnels. C’est un apprentissage collectif, où tous confrontent leur expérience et leurs points de vue. C’est ce que les participants viennent rechercher : cette communauté
d’alumni et cette émulation." Ainsi, MBA et EMBA développent l’employabilité, mais ils sont surtout des outils d’opportunités, de création d’un réseau valorisable tout au long de la carrière. Soit une source d’enrichissement de carrière qui, couplée à la réputation intrinsèque des business schools, expliquent peu ou prou le coût important de ces formations, difficilement accessibles pour beaucoup, mais aux multiples leviers de financement (voir encadré). Aussi, et les différents programmes des grandes écoles s’en targuent, les parcours MBA se veulent à l’image des attentes et des besoins du marché. Ils répondent aussi à la quête de sens des cadres. D’après Mickael Naulleau, directeur du MBA d’Audencia, "quel que soit leur projet, les participants recherchent l’acquisition d’une vision 360° des organisations et de leurs environnements, pour mieux appréhender les nouveaux enjeux auxquels ils font face au quotidien et donc une agilité intellectuelle et situationnelle pour y répondre." Il s'agit également d'un temps de remise en question de ses croyances sur soi et les autres, sur ses forces, sur ses envies personnelles et professionnelles. "Les participants viennent aussi se confronter à d’autres regards et désirent être challengés par leur semblables, ajoute Mickael Naulleau. Finalement, ce que les participants acquièrent est une réelle confiance en soi au terme de leur parcours."
Comme l’observe Andrea Masini, "de plus en plus de cadres recherchent une formation de management de haut niveau mais surtout une réponse à cette question : comment puis-je impacter positivement le monde dans lequel j’évolue ?" Cette quête de sens s’accompagne de la nécessité stratégique d’être capable d’appréhender et de manager la conduite du changement perpétuellement à l’oeuvre dans les entreprises et les organisations. Et, d’autant plus, mise en lumière à l’heure post-covid. "Les grandes transformations en cours et qui impactent nos programmes, ce sont avant tout les enjeux de développement durable et la crise climatique, ainsi que la digitalisation et les nouveaux modèles d’affaire, observe Stéphane Canonne. Nos contenus évoluent en conséquence, par exemple par de la pédagogie active dans le cadre de laquelle nous nous interrogeons sur la façon d’intégrer le développement durable dans une stratégie d’entreprise. Le rôle des dirigeants n’est plus seulement de créer de la valeur économique, mais aussi d’accompagner les transitions en créant de la valeur sociale et environnementale." Si la covid a été l’accélérateur de tendances de fond déjà bien
identifiées par les entreprises et les
business schools, les formations de management s’articulent toujours plus autour de la capacité du dirigeant à gérer l’incertitude par temps de crise et à adopter un management adéquat. Comment ? En apprenant différents langages (stratégie, RH, finance, marketing, RSE…). "A l’issue de leur formation, les participants se distinguent par leur faculté à penser les complexités dans lesquelles naviguent leurs organisations, souligne Mickael Naulleau d’Audencia. De même, ils deviennent en mesure d'apporter des réponses aux enjeux grâce à la mise à jour de leurs connaissances sur les problématiques actuelles et futures des entreprises (transformation digitale, conduite du changement, développement durable…)". L’actualisation des contenus pédagogiques est donc un enjeu constant. "Nous opérons tous les quatre ans des changements de curriculum que nous réévaluons à chaque semestre, en nous appuyant sur des commissions de professeurs, alumni et représentants des entreprises. Par exemple, le changement climatique impacte directement nos programmes, précise Andrea Masini. Nos participants au MBA peuvent par exemple choisir la spécialisation 'Sustainability and disruptive innovation', qui s’intéresse au développement durable sous l’angle de l’innovation." Si HEC propose également dans son EMBA une spécialisation portée vers le développement des énergies renouvelables, d’autres tendances de fond s’imposent dans le paysage des formations au management. L’école francilienne entretient ainsi un partenariat avec l’Institut Polytechnique de Paris pour proposer des cours consacrés à la valorisation de l’analyse des données et de l’IA pour la gestion des entreprises. Là encore, les MBA et EMBA aspirent à correspondre aux besoins des entreprises et aux attentes des cadres.