Nicolas Eeckman, chez lui, au musée de Flandre

C’est un poisson-volant fantastique, pris au filet d’un oiseleur qui a envahi les espaces d’affichage de la métropole. Une oeuvre de Nicolas Eeckman, un artiste inconnu de presque tous. Présenté à Cassel, il mérite que l’on fasse le déplacement pour découvrir son univers. A défaut des géants Reuze papa et Reuze maman qui selon la tradition se reposent à l’abri des regards, c’est un authentique artiste flamand qui attend le visiteur.

C’est à Cassel que sa directrice Cécile Lafon nous accueille pour nous faire connaître cet artiste qui est entré dans les collections du musée du département du Nord grâce à une généreuse donation de 32 oeuvres. Nicolas Eckman dont une partie de la production se trouve dans les musées et qui est pourtant resté inconnu alors qu’il apparait si proche de nous. Figuratif à contrecourant de toute la peinture moderne, investissant l’art de la gravure passée de mode, ont fait de lui un artiste oublié. Mais ses oeuvres ne le sont pas.

Fantasque

Cet artiste contemporain a développé sa production pendant une bonne partie du XXème siècle, jusqu’à sa mort en 1973. Ami de Mondrian avec qui il séjourne à Paris dans les années trente, ami de Léonor Fini, l’Italienne et Salvador Dali, le catalan dans les années soixante, il n’en reste pas moins sur sa ligne figurative. Son dessin est précis, et très coloré, même si les organisateurs ont un peu forcé sur les contrastes pour l’affiche de l’exposition. Ses personnages sont déformés jusqu’à apparaitre fantasques. Ses nus témoignent d’un érotisme joyeux. Ensemble, Ils nous révèlent selon le titre de l’exposition, un monde fabuleux.

Flamand né à Bruxelles, il a vécu les années de la Première Guerre mondiale refugié aux Pays-Bas dans le presbytère occupé naguère par Vincent Van Gogh quand il vivait avec son père pasteur à Nuenen. Nicolas Eeckman en retire une profonde connaissance de cette période du peintre quand celui-ci signait Vincent, et peignait les mangeurs de pomme de terre.

Figuratif

Quand il investit la technique de la gravure à l’eau forte, on lui doit la formidable illustration de Tyl Uylenspiegel du belge Charles Decoster qui célèbre l’esprit malicieux de résistance à l’occupation espagnole et aux persécutions religieuses.

Figuratif, il s’inspire des maitres anciens, toute sa vie d’artiste durant. Il leur emprunte la technique de la peinture sur panneau de bois soigneusement préparé, utilise la peinture à l’huile qu’il applique sous forme de glacis, et interrogeant toute sa vie les oeuvres de Pieter Breughel l’ancien et de Hieronymus Bosch, il reprend leurs motifs tout en exacerbant le caractère fantastique. De Breughel l’ancien il réinterprète la parabole des aveugles, la figurant dans les bidonvilles de Paris.

■ Le monde fabuleux de Nicolas Eeckman, jusqu’au 8 septembre, Musée départemental de Flandre, 26 grand place Cassel, du mardi au vendredi de 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h et les samedis dimanche en continu de 10 h à 18 h (fermé le 1er mai). Tarifs : 4 et 6 €.