Civil War, un film d’Alex Garland
D’une troublante actualité, le film d’anticipation d’Alex Garland est aussi un magnifique hommage aux photographes de guerre. Une réalisation coup de poing qui vous laisse KO.
Pour son quatrième long métrage, le réalisateur britannique Alex Garland évoque l’actualité et plus particulièrement celle que nous tous avons vécue en ce 6 janvier 2021 lorsque les partisans de Donald tramp ont envahi le Capitole. Pour des raisons ici passées sous silence, le Texas et la Californie ont fait sécession, monté une armée en marche dès le début du film vers Washington alors que la Maison Blanche est protégée par les Forces de l’Ouest.
Objectif : mettre hors d’état de nuire un Président qui se cramponne après trois mandats au Bureau Ovale.
Quatuor improbable
Le réalisateur, également scénariste de ce film, nous met dans les pas d’un quatuor improbable de reporters, photographes de guerre. Au départ, nous suivons Lee (Kirsten Dunst) et Joel (Wagner Moura), son acolyte. Mais très vite vont les rejoindre un – très- ancien du métier, Sammy (Stephen McKinley Henderson) et la toute jeune Jessie (Cailee Spaeny), passionnée de photo et admiratrice de Lee.
Nous allons les suivre dans un road trip terrifiant, nous montrant une Amérique fracturée, se repliant sur elle-même et en proie aux pires suprémacistes.
Autant vous prévenir, certaines séquences sont au-delà des limites du supportable. Au fur et à mesure de ce périple d’une dangerosité extrême, carte de presse ou pas, la transmission des règles du métier se fait entre générations. Et ce n’est pas le moindre des intérêts de ce film.
Evidemment, l’on retiendra plus facilement les séquences d’action, filmées avec virtuosité, interprétées pour la plupart par d’authentiques vétérans de la Navy Seal.
Dans une brûlante actualité
Au passage, on notera toute l’attention que les soldats portent aux journalistes, mais aussi ce que celle-ci comporte de charge dans leur métier.
Survolant tout ce maelström de violence, de danger et de mort, il y a la recherche de ce graal qui est LA photo qui fera le tour du monde, que se disputeront à prix d’or les grandes agences et les plus gros tirages, le fameux scoop.
L’utilisation d’armes à blanc rend le bruitage totalement dément de réalisme au niveau de la bande son. Et l’on comprend alors que de nombreux artistes aient eu besoin d’un temps de repos prolongé dès le clap de fin ! Réunissant de gros moyens, cette fiction recule elle-même les limites de son propre genre en nous plongeant dans un récit dont nous sentons bien hélas les germes menaçants dans une brûlante actualité.
Peu réjouissant certes, porteur de multiples réflexions faut-il espérer, mais d’une efficacité foudroyante, ce film
Ce que nous raconte le second opus d’Olivier Casas est tout simplement hallucinant. C’est la jeunesse réellement vécue par Michel et Patrice.
Ces deux-demi-frères dont la mère, tout sauf maternelle, est partie en Argentine en 1948 après les avoir littéralement abandonnés dans une colonie de vacances, se sont enfuis, suite à un drame, de ladite colonie et se sont réfugiés dans un bois.
Ils avaient alors 5 et 7 ans ! A cette époque encore troublée par le dernier conflit mondial, personne ne les a recherchés. Ils ont été ainsi 90 000 en France !
Enfermés dans un pensionnat
Le film d’Olivier Casas, intensément documenté par Michel, aujourd’hui âgé de 78 ans, Patrice s’est suicidé en 1993, nous donne à voir l’impensable. Comment ces deux gamins ont survécu pendant sept ans dans la nature, vivant de rapines, mangeant des insectes, des rongeurs, s’abritant du froid et de la pluie comme ils pouvaient.
Par chance, de constitution solide, ils n’ont jamais été vraiment malades. est déconseillé aux moins de 12 ans. On comprend bien !
Le temps passant, leur mère a fini par les retrouver et les a enfermés dans un pensionnat afin qu’ils apprennent à lire et à écrire. Pour ces gamins ivres de liberté, ce fut l’enfer.
Amour fraternel
Cela étant, Patrice devint Directeur de clinique et Michel, architecte. Le scénario nous les fait découvrir au travers de multiples flash-back temporels autant au début de leur incroyable odyssée enfantine qu’aujourd’hui. C’est le moment où Patrice (Mathieu Kassovitz) reçoit une information lui indiquant que Michel (Yvan Attal) se trouve au Québec, au fin fond d’une forêt. Abandonnant femme, enfants et travail, il part immédiatement le retrouver.
C’est l’histoire d’un amour fraternel, véritablement fusionnel, né dans une douleur qui l’a rendu d’une force indestructible. Interprétée sans affèteries mais avec beaucoup de pudeur, elle est l’image même d’un monde qui venait de s’écrouler mais aussi d’une humanité riche d’optimisme et confiante dans sa force de résilience.