Cuisine et Vins de France - Hors-Série

Le vin et l’art chez Ruinart

- PAR JEAN LUC BARDE

Ruinart, marque historique en Champagne, renouvelle chaque année son engagement artistique en invitant un créateur contempora­in à prolonger la démarche esthétique de ses grands champagnes. En 2018, c’est le tour de l’artiste chinois Liu Bolin, peintre, photograph­e et réalisateu­r de performanc­es basées sur la disparitio­n.

On le voit à peine tant il disparaît. Liu Bolin, sculpteur et photograph­e, réalise plus que des performanc­es, ce sont des exploits. Il se fond dans le monde qui l’entoure pour s’y cacher. Au début, ce fut à Pékin pour déplorer la démolition des maisons traditionn­elles de la banlieue de la capitale chinoise qu’il agit, peignit ses vêtements, son visage aux couleurs des maisons écroulées, t une photograph­ie qui devint oeuvre de protestati­on, fondu d’un enchaîné, l’homme nié dans sa présence au monde. Aujourd’hui, c’est à Reims qu’il exerce son art militant et raconte que derrière la vigne, les crayères et les bouteilles de Ruinart, il y a des hommes. La plus ancienne maison de champagne, outre son soutien aux grandes foires de l’art, accueille chaque année un artiste contempora­in pour rendre hommage à son histoire, à son équipe, à ses bulles de chardonnay inspirées. Liu Bolin s’est installé dans les grands escaliers des crayères, la salle de remuage des acons ou la vigne, comme ici où il est associé à Frédéric Panaïotis, le chef de cave de la maison.

Dans les années précédente­s, Ruinart et son président Frédéric Dufour accueillir­ent le travail en 2008 du Néerlandai­s Maarten Baas pour un Bouquet de Champagne, étonnant chandelier en cristal, re et du XVIIIe siècle et de l’art de vivre à la française. En 2010, ce fut la création Diversity du designer espagnol Nacho Carbonell, installati­on inspirée des matières « premières » du champagne, la craie du sol, l’intemporel inox et le verre, enveloppe des bulles scintillan­tes.

Quand Ruinart rime avec art

L’Israëlien Gideon Rubin t en 2011 une étrange galerie de portraits des fondateurs de la marque mécène en effaçant leur visage. En 2012, un rafraîchis­soir miroir fut exécuté par le designer français Hervé van der Straeten, on vit aussi une caisse en marquetter­ie de Piet Hein Eek évoquant les premières caisses en bois dont Ruinart t l’expédition le 21 mars 1768. Un livre sculpture s’ouvrit en 2014 grâce au talent de l’Écossaise Georgia Russell. Le photograph­e Erwin Olaf exposa en 2016 « Light », série de vingt-six photograph­ies sur la vie des crayères. Le sculpteur Jaume Plensa et sa silhouette méditative de Dom Ruinart fut l’artiste de l’année 2017. Dans l’histoire de Ruinart, souvent l’art eut sa place. La marque créée en 1729 t exécuter par le grand illustrate­ur tchèque Alphonse Mucha, une af che Belle Époque qui contribua à la renommée planétaire du champagne Ruinart. Cet engagement artistique se retrouve aujourd’hui dans cette collaborat­ion avec Liu Bolin. À l’occasion de l’exposition de son travail chez Ruinart au Grand Palais en mars dernier, l’artiste révolté délivra une performanc­e en direct sous le regard fasciné des invités emportés par la magie d’une discrète inclusion au coeur de la reproducti­on agrandie du tableau Le déjeuner d’huîtres peint en 1735 par Jean-François de Troy.

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photo: Gérard Bertrand
 ??  ?? Débarrassé­s de leur costume végétal, l’artiste chinois Liu Bolin et le chef de cave de la maison Ruinart, depuis onze ans, Frédéric Panaiotis photo: Gérard Bertrand
Débarrassé­s de leur costume végétal, l’artiste chinois Liu Bolin et le chef de cave de la maison Ruinart, depuis onze ans, Frédéric Panaiotis photo: Gérard Bertrand
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Brut sans année Ruinart, un succès incontesta­ble, 45 €

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