Cuisine et Vins de France - Hors-Série
Le vigneron épicurien, Jean-Claude Mas
SES PARENTS VITICULTEURS L’ONT POUSSÉ À FAIRE DES ÉTUDES POUR QU’IL NE FASSE PAS LE MÊME MÉTIER QU’EUX. C’ÉTAIT SANS COMPTER L’ATTACHEMENT QUE LE GAMIN DU LANGUEDOC AVAIT POUR SES RACINES ET SA RÉGION.
Ecole de commerce à Nancy, MBA en Angleterre, premier job à Miami, puis chef de zone export pour Motul, Jean-Claude réunit alors sa passion des sports automobiles et son sens de l’observation. À l’étranger, il réalise la fascination que suscitent les vins français. Une formation chez Bernard Magrez, un poste au marketing d’un domaine vinicole … il revient au pays, reprend les rênes du domaine familial et crée les Domaines Paul Mas. Nous sommes en 2000.
L’homme pressé
Aujourd’hui propriétaire exploitant à la tête de quinze domaines et 850 ha en Languedoc-Roussillon, Jean-Claude Mas ne se repose pas sur ses lauriers. De cette région, plus connue pour faire dans la quantité que la qualité, il a tiré le meilleur pour mettre en avant le terroir languedocien avec un esprit Nouveau monde. Il en connaît les moindres chemins par coeur. On le cherche à la cuverie, il est dans les vignes ; on le croit au chai, il est au potager qui jouxte le restaurant et la maison d’hôtes inaugurés en 2012. Au volant d’une de ses vieilles voitures de collection, il traverse les écuries et son club de cheval et va observer la renaissance de ses oliviers laissés pour morts l’année dernière après un incendie. Incollable et amoureux de sa région, il sait que tel coteau bénéficie de plus d’ensoleillement qu’un autre, que la syrah, un de ses 45 cépages, prendra des notes de poivres sous le climat des Terrasses du Larzac. Il parcourt ses terres comme un seigneur des temps modernes, dont il n’a pas la morgue mais seulement l’ambition. Il produit des vins de soif, de copains, mais aussi d’exception issus des meilleurs crus. Rouge, blanc, rosé, effervescent, ils ont en commun opulence et finesse, accessibilité et plaisir. Jean-Claude Mas, roi des assemblages, est bluffant par la connaissance de toutes ses cuvées qu’il déguste tous les jours pour définir l’identité qu’il veut donner à chacun de ses vins.
Le bon vivant
L’homme sait aussi prendre le temps de savourer la vie. Son père spirituel Giorgio Grai ne l’a pas seulement aidé à pousser les portes des caves, mais lui a aussi appris la gastronomie et l’art de vivre. Du célèbre oenologue italien aujourd’hui disparu, il conserve avec dévotion ses vestes et les manteaux et perpétue le goût des grandes tablées. Dans sa cuisine ouverte, il reçoit amis, famille ; les sauces mijotent, les pâtes cuisent, on tranche du jambon, ses filles dressent la table sous le regard vigilant de son épouse. On débouche des flacons, on pousse les chaises, un oeil sur les vignes autour de la maison, un autre sur ses casseroles, Jean-Claude Mas est à sa place.