Cuisine et Vins de France

Chers vous tous,

- SOPHIE MENUT YOVANOVITC­H @sophiemenu­t

Assise à mon bureau, je réfléchis à mon édito.

Écrire un édito, c’est toujours un peu compliqué. C’est souvent le premier texte que vous, lecteurs, parcourez. J’utilise cette fenêtre de liberté pour vous faire partager notre passion de la gastronomi­e, des vins, des bons produits. Nous vous présentons nos derniers coups de coeur, les régions que nous avons découverte­s, et puis j’en profite pour vous faire partager ma vision de la cuisine en général. Aujourd’hui, dans le silence total de ce confinemen­t forcé, je ne sais pas encore si nous aurons repris une vie normale lorsque vous tiendrez ce magazine entre vos mains. Dans cette lutte contre un ennemi difficile à identifier, nous aurons perdu pour certains des proches, pour d’autres un travail.

Mais en ces moments où nous devons rester chez nous, nous avons aussi redécouver­t la valeur du temps. Le temps d’aller faire ses courses (le seul qui nous est permis à l’extérieur), le temps de cuisiner, le temps de faire ou de se faire plaisir. Chez vous, chez moi, on constate que l’on n’a jamais aussi bien mangé. Sans doute, y a-t-il des jours plus difficiles que d’autres. Difficile de vivre tous ensemble ou dans la solitude, de réorganise­r ce fameux temps, mais tellement merveilleu­x aussi de faire plaisir aux nôtres.

Sur les réseaux sociaux, les chefs frustrés de ne pas travailler débordent d’inventivit­é, partagent recettes, et astuces, nous donnent rendez-vous tous les soirs, nous challengen­t, et des équipes entières cuisinent pour préparer des repas aux soignants débordés par cette déferlante de travail.

On n’a jamais autant cuisiné qu’aujourd’hui, on n’a jamais autant partagé qu’en ce moment ni jamais été autant connectés dans tous les sens du terme. Lorsque nous reviendron­s à notre vie d’avant, il serait bien justement qu’elle ne soit plus vraiment comme avant, mais que nous tirions quelques leçons de cette épreuve : acheter au plus près de chez soi, moins mais mieux, transforme­r les produits plutôt que de consommer des plats tout faits, passer du temps en cuisine qui nous sera rendu par le plaisir que l’on y prend et celui que l’on donne à nos proches, innover : nous avons tous du potentiel, soyons-en sûrs. Pourquoi ne pas continuer à cuisiner pour ceux qui en ont besoin ? Préparer un peu plus et le partager. De râleurs devenons solidaires, d’individual­istes devenons généreux, d’impatients devenons attentifs et sachons prendre le temps qu’il faut. Si cette épreuve nous a appris quelque chose, c’est peut-être cela.

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Sophie avec Laurence Du Tilly, son hôtesse lors de son escapade normande
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