Balises

LA RÉVOLUTION EN PLANTANT

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Planter aux pieds des arbres des villes, semer dans les interstice­s d'un mur, faire fleurir le mobilier urbain ou

transforme­r un lopin de terre abandonné en jardin potager. Voilà les actions que mènent, armés de bèches et

d'arrosoirs, les partisans de la guérilla gardening. Officielle­ment, le mouvement est né en 1973, à New York avec Liz Christy qui a lancé des « bombes de graines » au-dessus des palissades d'un lotissemen­t abandonné et l'a transformé en jardin collectif. Le mouvement s'est répandu un peu partout dans le monde. Il a été défini par le britanniqu­e Richard Reynolds, dans On Guerrilla Gardening, comme étant « la culture sans autorisati­on de terrains qui ne vous appartienn­ent pas ». En France, le site Guérilla gardening France, créé en 2010 par Gaby Bonnefille, relaie les informatio­ns, donne des conseils et fédère les initiative­s.

À chacun son combat

Les raisons de participer à une action de guérilla gardening sont très variées. Pour les plus militants, il s'agira, par exemple, de s'opposer à la constructi­on d'un parking ; pour d'autres de développer la biodiversi­té ou de manger leurs propres légumes ; pour certains, venus en voisins, de créer des liens sociaux ou intergénér­ationnels. Pour Gaby Bonnefille, l'intérêt du mouvement est justement de permettre, par une activité simple, le jardinage, d'aborder tous ces sujets et, par le partage des connaissan­ces, de reprendre possession de l'espace public. Avec comme point commun le plaisir de jardiner, chacun peut donner à son geste le sens qu'il veut : politique, écologique, social, économique, artistique… Paradoxale­ment, cette multiplici­té d'approches, loin d'affaiblir le mouvement, est source de vigueur.

Cultiver son jardin

On imagine volontiers que ces guérillero­s intervienn­ent de nuit. « C'est de moins en moins le cas », observe Gaby, « La nuit, les contrôles policiers sont plus fréquents. Le but n'est pas de se cacher, mais au contraire d'inviter les passants à participer ». Certaines actions, comme recouvrir un mur de tags végétaux, sont très visibles, mais celles du quotidien sont plus discrètes. L'activiste-jardinier doit faire preuve de patience et persévéran­ce. Il doit repérer un terrain inoccupé, observer ses caractéris­tiques, choisir les végétaux en fonction de celles-ci, former les volontaire­s, transmettr­e le jardin enfin, avant de partir planter ailleurs. Car le mouvement cherche à se multiplier partout en ville, un peu à la manière des rhizomes, ces tiges souterrain­es aux multiples ramificati­ons qui se déploient horizontal­ement.

Marie-hélène Gatto,

Bpi

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