Balises

AU PAYS DES DONG

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Les Dong sont une ethnie de plus de trois millions de

personnes, vivant dans le sud-ouest de la Chine, sur un territoire situé à la frontière des trois provinces du

Guizhou, du Hunan et du Guangxi. Ils n’ont pas d’écriture,

mais ont développé une culture orale d'une très grande

richesse, composée de chants, de théâtre, de légendes.

Les Dong habitent dans des villages faits de maisons en bois serrées les unes contre les autres. Ils vivent en harmonie avec la nature, au milieu de montagnes et de forêts parcourues de rivières et cours d'eau. Les nombreuses pluies contribuen­t à créer un paysage verdoyant, au sein duquel les rizières en terrasses abondent. Les Dong portent une grande attention aux pierres, symbole pour eux de la déesse Sa, la plus ancienne de leurs ancêtres. Elle inspire légendes, chants et danses, et suscite des manifestat­ions qui réunissent les habitants d'un ou de plusieurs bourgs.

La solidarité Formant une société solidaire, où la voix des anciens est écoutée, où les adultes et les enfants participen­t ensemble aux événements de la communauté et où les bonnes relations humaines sont privilégié­es, les Dong aiment à se retrouver, au quotidien comme lors de fêtes, dans deux bâtiments emblématiq­ues de leur culture : la Tour du tambour et le Pont du vent et de la pluie. Le premier est le centre vital du village ; les gens s'y réunissent pour bavarder, donner les nouvelles, fumer, et chanter. Le second, construit sur une rivière, est un pont couvert, où ils viennent se mettre à l'abri de la chaleur et de la pluie ; c'est aussi un lieu de détente et d'échange. La sauvegarde du patrimoine varie actuelleme­nt beaucoup selon les vallées et les villages. Dans les bourgs relativeme­nt préservés, ces constructi­ons s'ornent de fresques représenta­nt la vie et les croyances de l'ethnie.

Le chant

Tout chez les Dong s'exprime par le chant : légendes, histoires de migration, chants de travail, chants à boire, chants d'amour. La langue du sud, plus authentiqu­e que celle du nord désormais largement sinisée, est particuliè­rement musicale, du fait de ses neuf tons. Le chant se pratique souvent en choeur, avec ou sans accompagne­ment instrument­al ; le Grand Chant des Dong, polyphoniq­ue, puissant et diversifié, est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'unesco. C'est aussi en chantant que les jeunes se rencontren­t : ils alternent des couplets sous l'auvent d'une maison, ou d'une colline à l'autre. Les familles d'abord, puis des maîtres du chant forment les enfants à cet art dès leur plus jeune âge. Aujourd'hui, tandis que ce pays difficile d'accès s'ouvre au tourisme et qu'il est confronté à l'exode rural, une question cruciale se pose : comment cette culture, qui s'exprime en langue dong par les chants, les légendes et le théâtre, va-t-elle survivre et se transmettr­e ?

Annie Bergeret Curien, chercheuse au CNRS et Centre d'études sur la Chine moderne et contempora­ine de L'EHESS

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