Du jardin à l’assiette
C’est Colette qui a le mieux parlé de la figue, qui « des plus belles heures de l’été fait son miel, s’enfle de rosée nocturne, et verte ou violette pleure, par son oeil, un seul pleur de gomme délicieuse, pour vous marquer l’instant de sa perfection. » Q
La figue, une bouchée de miel
Le figuier est un arbre méditerranéen, indéniablement. Plus il reçoit de soleil et plus ses fruits s’approchent du miel qui fait sa réputation. Il existe des figuiers, ceux qui fructifient deux fois dans l’année, dits bifères, et d’autres qui ne fleurissent qu’une seule fois ( unifères). L’avantage des premiers est un meilleur étalement des récoltes.
Le bon choix
Il dépendra en fait de votre climat. Si, en hiver, le thermomètre descend régulièrement à - 16 ° C, le mieux est de renoncer ou de déménager. En climat froid où les gelées de printemps sont à craindre, ‘ Brunswick’, ‘ Longue d’Août’, ‘ Ronde de Bordeaux’, ‘ Sultane’ sont plus adaptées. Au nord d’un axe Bord ea u x- Lyo n , vo u s n’aurez pas d’autre choix que d’opter pour une variété autofertile. En effet, les figuiers qualifiés de sexués nécessitent l’intervention d’un insecte, le blastophage, pour leur fécondation. Cette petite guêpe ne s’aventure pas dans la moitié nord de la France.
Planter son figuier
Pour obtenir des figues, il faut soigner la plantation. Une fois que l’arbre réussit son enracinement et prend ses aises (de l’ordre de 10 à 80 m2 selon la variété), l’entretien consiste à récolter les fruits avant que les merles et les étourneaux s’en chargent à votre place. Traiter, tailler, arroser s’avère inutile sauf exception. Si votre région est limite en matière de climat ou si votre sol très argileux, creusez un trou un peu plus profond pour mettre une bonne couche de tuiles concassées au fond en guise de drainage. Les racines au sec en hiver, les arbres résistent mieux au froid. En climat chaud, un endroit frais est le bienvenu. L’adage les pieds au frais, la tête au soleil convient parfaitement au figuier, mais uniquement en Provence. Le mieux est de planter l’arbre contre un
mur pour le protéger du vent et des frimas. L’important est d’éviter un emplacement où l’eau stagne.
Pas trop d’engrais
Bien entendu, l’apport d’engrais naturel de fond favorise le développement de l’arbre. Toutefois, en voulant accélérer sa croissance, vous le fragilisez. Contentez-vous d’un seau de compost lors de la plantation au printemps ou à l’automne. Le reste du temps, habitué des sols pauvres, le figuier se débrouille. Son système racinaire est plutôt traçant, en conséquence, contentez-vous de le couvrir d’à peine 10 cm de terre fine lors de son installation. Arrosez abondamment comme après chaque plantation pour coller la terre fine aux radicelles et relancer ainsi la pousse.
Acheter ou bouturer ?
Vous trouverez sur internet des pépiniéristes passionnés, collectionneurs de figuiers. La plupart vendent par correspondance. C’est un bon moyen pour l’amateur de recueillir toutes les informations nécessaires pour adapter ses figuiers à sa situation. Acheter directement au producteur permet d’obtenir des informations fiables. La plupart des vendeurs en jardinerie connaissent mal les arbres qu’ils proposent.
Multiplication facile
Si vous avez repéré chez un voisin, ou dans un jardin à la situation climatique similaire à la vôtre, un figuier remarquable, aux fruits dont la texture vous a enchanté, rien n’est plus simple que de le bouturer. À la fin de l’hiver, sectionnez quelques tiges de 20 cm , grosses comme le pouce, munies d’un bourgeon terminal. Plantez-les à raison de 3 boutures par pot de 3 l dans un mélange composé à parts égales de terreau et de terre du potager. Placez le pot à l’ombre. Humidifiez régulièrement. À la fin de l’été, vous devriez obtenir un bon tiers de réussite.