Rencontre
PILE AU CENTRE DE L’ÎLE D’OLÉRON, LES JARDINS DE LA BOIRIE OFFRENT UN DÉPAYSEMENT TOTAL, AUSSI BIEN VÉGÉTAL QUE VISUEL, ENTRE ÉVOCATION DE LA JUNGLE ASIATIQUE ET UNE BELLE COLLECTION DE SAUGES ET DE VIVACES.
Un jardin de jungle tropicale, au coeur de l’île d’Oléron Dépaysement garanti au milieu des bananiers, palmiers, oiseaux de paradis et bambous. Bienvenue aussi aux amoureux des sauges, car une belle collection les attend.
Ambiance tropicale sur l’île d’Oléron en ce milieu de mois d’août : chaleur lourde et courtes – mais grosses – averses de pluie tiède alternent avec de petites brises qui chassent les nuages pour laisser apparaître un soleil resplendissant sur fond d’azur. Contexte parfait pour découvrir les jardins de la Boirie en compagnie de leur créateur, Thierry Lecêtre.
Comment est-ce que tout a commencé à la Boirie ?
Au début, j’avais beaucoup d’annuelles et de petits arbustes. J’ai toujours aimé les jardins anglais et c’était l’esprit que je voulais donner au mien. Mais c’était compter sans un paramètre important : le climat charentais!
C’est-à-dire ?
La combinaison des étés chauds, des automnes très pluvieux et des hivers humides, à laquelle il faut ajouter le vent – salé, de surcroît! –, n’était pas idéale. C’est là que je me suis penché sur de l’exotique. L’idée d’avoir des plantes vertes «de maison» au jardin me plaisait bien. En outre, ce choix présente un double intérêt, à la fois esthétique et économique : mélanger les grandes feuilles des végétaux exotiques avec des annuelles à grosses fleurs, c’est joli et ça ne revient pas cher.
Comment procédez-vous pour cela ?
Je me demande toujours : «Qu’est-ce qui est véritablement exotique et qui tient bien?»
La réponse, ce sont les végétaux récurrents dans le jardin : les palmiers, les faux aralias (Fatsia japonica), les cordylines. En hiver, dans les jardins, il n’y a rien ou presque. Eux me garantissent, avec les persistants, que la végétation sera toujours là, même à la mauvaise saison.
À voir la biodiversité qui règne ici, on en oublierait que le jardin ne mesure « que » 2 500 m2.
J’ai créé différents espaces, chacun présentant une scène végétale différente. J’ai joué sur l’échelonnement des floraisons au fil des saisons, pour qu’il ne donne pas l’impression d’être figé. J’apporte des touches de couleurs pour faire ressortir ce qui me paraît intéressant. Et je ne m‘interdis jamais de faire des changements au jardin : je déplace des potées, qui ainsi n’accompagnent pas toujours les mêmes massifs, ou bien j’introduis de nouveaux éléments décoratifs. Certains endroits sont luxuriants, d’autres plus sobres; il y a deux bassins mais on n’y trouve pas les mêmes plantes aquatiques, et les différentes zones n’obéissent pas non plus au même code couleur. Le jardin n’est pas grand mais il est multiple, tout en restant à taille humaine.
L’autre « fil rouge » de la Boirie, vos sauges.
J’ai toujours aimé les sauges. Je les ai découvertes après mon BTS en horticulture. Grâce à trois d’entre elles, plus précisément : Salvia guaranitica, S. involucrata ‘Hadspen’ et S. patens. J’en ai fait des boutures et j’ai commencé à structurer l’ancien potager familial. Ensuite, j’ai commencé à ramener des graines de mes voyages et j’ai démarré ma collection. Aujourd’hui, je privilégie les sauges de fin d’été, qui supportent les grosses chaleurs, et celles qui ont de longues floraisons abondantes. Pour en profiter au maximum.
J’ai privilégié un jardin de mi-ombre, présentable même quand il fait très chaud.