Detente Jardin

La poétesse Marie Noël

- Catherine Delvaux

disait des mois qu’elle avait une tendresse pour chacun, qu’elle les voyait comme s’ils étaient des êtres. Elle comparait mars à « un nouveau-né un peu laid, qui crie et qui vient à vue d’oeil ». Et avril, « à un petit enfant émerveillé qui cueille

des pâquerette­s sans queue et qui court après une abeille ». La comparaiso­n est amusante, surprenant­e, mais au fond, pas si loin de la réalité : mars n’est pas toujours à son avantage, une fin d’hiver traînante, un printemps pas bien dégrossi, mais Dieu qu’on l’aime, avec ses jours qui rallongent à toute vitesse, ses pépiements d’oiseaux, ses bourgeons impatients! Avril arrive ensuite en terrain conquis, des fleurs plein la pelouse pas encore tondue, des insectes vibrionnan­ts, comme saouls de lumière, et des oiseaux affairés, qui ne pensent qu’à trouver l’âme soeur, bâtir des nids ou affourager une demi-douzaine de gosiers sans fond…

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