La poétesse Marie Noël
disait des mois qu’elle avait une tendresse pour chacun, qu’elle les voyait comme s’ils étaient des êtres. Elle comparait mars à « un nouveau-né un peu laid, qui crie et qui vient à vue d’oeil ». Et avril, « à un petit enfant émerveillé qui cueille
des pâquerettes sans queue et qui court après une abeille ». La comparaison est amusante, surprenante, mais au fond, pas si loin de la réalité : mars n’est pas toujours à son avantage, une fin d’hiver traînante, un printemps pas bien dégrossi, mais Dieu qu’on l’aime, avec ses jours qui rallongent à toute vitesse, ses pépiements d’oiseaux, ses bourgeons impatients! Avril arrive ensuite en terrain conquis, des fleurs plein la pelouse pas encore tondue, des insectes vibrionnants, comme saouls de lumière, et des oiseaux affairés, qui ne pensent qu’à trouver l’âme soeur, bâtir des nids ou affourager une demi-douzaine de gosiers sans fond…