Rencontre

Un jardin francilien de 200 m2 est la preuve vivante qu’une petite surface ne signifie pas austérité. Compréhension de l’espace et créativité changent tout. Démonstration d’Isabelle Giraud, une jardinière passionnée qui a fait de son jardin de poche un lieu intime plein de délicatesse.

PEU DE PLACE NE SIGNIFIE PAS NÉCESSAIREMENT AUSTÉRITÉ. CRÉATIVITÉ ET COMPRÉHENSION DE L’ESPACE, DE SES LIMITES COMME DE SES POSSIBILITÉS, PEUVENT TOUT CHANGER. LA PREUVE EN ÎLE-DE-FRANCE AVEC ISABELLE GIRAUD ET SES 200 M2 DE DÉLICATESSE ET DE JUSTESSE VÉGÉTALES…

C’est un jardin de poche, quelque part dans le sud des Yvelines. Un lieu intime, un peu secret, qui ne se visite pas pour l’instant. C’est le terrain de jeu(x) d’Isabelle Giraud…

On vous sent passionnée de jardin. Comment pouvez-vous vous contenter de 200 m2 ?

Probablement parce que je n’ai pas bien le choix! Nous sommes en région parisienne et le prix de l’immobilier est un facteur souvent limitant. Je voulais absolument un jardin, ce n’était pas négociable. Après, la taille importait peu…

D’où vous vient cette envie de jardin ?

Du Berry, sans aucun doute, et du Boischaut Sud, plus précisément. C’est ma région natale, j’y ai vécu entourée de jardins, ceux de mes parents et de mes grands-parents. C‘est dans mon ADN. On parle là de jardins vivriers, bien sûr, mais ma mère n’a jamais hésité à planter des fleurs au milieu des légumes, bien avant que ces associations ne deviennent une sorte

Il faut passer du temps

au jardin tous les jours, même un petit peu!

de mode. Et quand nous avons acheté dans la région parisienne, j’ai commencé par cultiver mon petit potager.

Vous aviez une idée précise de ce que vous vouliez faire ?

Je ne pensais pas avoir un jour un jardin aussi fourni en vivaces. Un potager, des fruitiers, des fleurs campagnardes, oui. Les vivaces sont venues progressivement. Au gré des lectures de magazines ou de livres, de navigations sur les réseaux sociaux et de visites de jardins. Le jardin Plume, par exemple, un de mes préférés à ce jour, m’a beaucoup influencée. Ainsi que le jardin personnel d’André Ève, à Pithiviers. On le connaît pour les roses, bien sûr, mais c’était aussi un sacré paysagiste qui utilisait parfaitement les vivaces, notamment dans sa façon de traiter les bordures. J’aime aussi beaucoup intégrer au jardin des structures en bois, comme on peut en trouver par exemple dans les jardins médiévaux du prieuré Notre-Dame d’Orsan, dans… le Berry!

Revenons à la taille de votre jardin : comment vous accommodez-vous de ses contraintes ?

Tout se joue au départ, dans le choix de l’emplacement et la prévision de la taille que va atteindre ce que l’on pense planter. Partant de ce principe, on peut même s’autoriser quelques fantaisies. Ainsi, j’ai deux fruitiers, un mirabellier et un pommier de plein vent, dans mon petit espace, ce qui n’est pas classique. J’ai choisi des variétés autofertiles pour avoir des fruits sans être obligée de planter un second sujet. Et ensuite, j’ai pensé mes petits massifs de vivaces autour de ces fruitiers. Le problème, c’est que plus on en a, plus on en veut. Et là, en effet, la taille du jardin peut devenir un souci, je vous l’accorde!

Mon leitmotiv? Allier les dimensions vivrière et ornementale au jardin

1. En avril-mai, c’est la floraison des tulipes : au premier plan, des Fleur de lys ‘Burgundy’ et Triomphe ‘Victoria’s Secret’; près de la clôture, des Triomphe ‘Alibi’ qui voisinent avec des Euphorbia x martinii et E. x martinii ‘Ascot Rainbow’. 2. Les tulipes Triomphe ‘Alibi’ arrivent dès que les hâtives déclinent. Elles se naturalisent très bien et reviennent régulièrement en place. Isabelle recommande. 3. Miss Gribouille aimait bien cette boule de buis. Mais ça, c’était avant la pyrale…

1. Isabelle aime les décos mêlant le métal, l’osier et la terre cuite. 2. La terrasse a été pensée pour assurer à la fois une présence végétale près de la maison dès la sortie de l’hiver et un coin fraîcheur quand il fait chaud. 3. Un plat à tarte recyclé en « écriteau à pensées jardinières », voisine avec un pot en zinc. 4. Un rang de fraisiers dans le bac de culture. Devant, ail et oignon encerclent une roquette sauvage.