5 leçons pour échouer à coup sûr
Leçon n° 1 : affamez-les, assoiffez-les !
« Il faut planter l’hortensia en terre de bruyère », prétend votre (mauvais) manuel de jardinage. En réalité, il s’agit d’un bon moyen de le faire mourir… de soif et de faim. En fait, toute terre de jardin pas trop calcaire lui convient.
La bonne méthode pour tout rater : les planter en terrain trop drainant : terre sableuse ou de bruyère. Celle-ci ne retient ni l’eau ni les nutriments. Sauf à l’arroser tous les jours et le nourrir deux fois par mois, votre hydrangéa mourra un jour ou l’autre de soif et de faim.
Leçon n° 2 : grillez-les !
Tous les hortensias acceptent le plein soleil (particulièrement les paniculatas et les arborescens), mais sont de solides buveurs (surtout H. macrophylla). Dès que la terre sèche, ils ont soif… et le font savoir : les feuilles pendouillent. Arrosés, ils se requinquent aussi vite que l’ivrogne au café du coin… En régime sec, ils meurent en trois semaines. Un vieil hortensia planté dans le coin le plus ensoleillé de mon jardin, dans le Nord, est ma vigie d’arrosage : feuilles fatiguées ? Il est temps que je cesse de remettre la corvée d’arrosage à « bientôt ».
La bonne méthode pour tout rater : placez-les en plein soleil, et partez trois semaines en été sans demander au voisin de passer pour arroser. Et si vous avez planté en pot, le triptyque terre de bruyère pure + soleil + absence d’arrosage viendra à bout de votre hortensia en moins d’une semaine. Vous pensez que j’exagère ? Essayez…
Leçon n° 3 : ratiboisez-les… ou pas
Ça dépend des hortensias. Un macrophylla ou un serrata fleurit sur les bois de l’année précédente. Si vous les taillez, ils ne produiront aucune fleur. Donc, ne les taillez pas. Un paniculata (les fleurs en cône, genre Vanille Fraise) ou arborescens (comme le célèbre ‘Annabelle’) fleurira, taillé ou non, puisqu’il fleurit sur les bois de l’année. Mais si vous ne le taillez pas pendant quelques années, il perdra de sa superbe. Pour lui conserver sa forme, taillez-le d’un tiers de sa longueur, en mars.
La bonne méthode pour tout rater : taillez court les macrophyllas chaque année en mars, et ils ne fleuriront pas. Mais pas du tout. Et ne taillez jamais les paniculatas et arborescens, les tiges seront si longues qu’elles ploieront sous le poids des fleurs, et à la moindre pluie, elles s’aplatiront au sol. Effet garanti !
Leçon n° 4 : engraissez-les à l’ombre complète
Les hortensias fleurissent avec une heure du soleil du matin (un peu plus pour les paniculatas). À l’ombre complète, ils poussent haut (ils cherchent la lumière) mais ne fleurissent pas, ou très peu. Effet renforcé si, en plus, vous avez la main lourde sur l’engrais. Les hortensias préfèrent une terre raisonnablement riche, mais sans excès. En pot, un peu d’engrais les aide ; plantés dans une bonne terre de jardin, ils n’ont aucun besoin d’amendement.
La bonne méthode pour tout rater : privez totalement vos hortensias de lumière, noyez-les d’engrais, et vous obtiendrez des monstres exotiques de 3 m de haut, dont la taille des feuilles rivalisera avec celles de la rhubarbe. Le tout sans fleurs, ou presque.
Leçon n° 5 : pour le bleu, fuyez la Bretagne !
Chaque été, nous recevons des centaines d’appels et courriels de clients indignés : « Je vous ai acheté un hortensia bleu, vous m’avez trompé, il est rose/mauve/fuchsia. » Soyons clairs : si vous voulez un hortensia bleu, le seul moyen efficace est de déménager en Bretagne. Les hortensias bleus ont besoin d’un sol acide, humifère et riche en alumine.
La bonne méthode pour tout rater : vous aurez beau creuser une fosse à éléphants et vous ruiner à la remplir de poudre d’alumine (ou d’ardoises concassées) et autres bleuissants, si votre sol n’est pas naturellement favorable, vous n’arriverez à rien d’autre qu’à donner une vague touche mauve délavé à votre hortensia désespérément ROSE.