Rencontre
En Haute-Vienne, dans les environs de Châlus, découvrez le jardin de Yann Duflot, un fou de plantes. Il a transformé le jardin de sa grand-mère en un coffre à trésors végétaux.
C’EST UN JARDIN QUI N’A L’AIR DE RIEN, CELUI QU’ON LONGE SANS LE REMARQUER. MAIS QUI, SI ON A LA CHANCE D’Y ÊTRE INVITÉ ET QUE L’ON SAIT REGARDER UN PEU PARTOUT, DÉVOILE UN VÉRITABLE COFFRE AUX TRÉSORS VÉGÉTAUX, COLLECTÉS PATIEMMENT ET PASSIONNÉMENT DEPUIS PLUS DE VINGT ANS PAR YANN DUFLOT.
Yann Duflot a 35 ans. Il a démarré son jardin en 2003. Faites le calcul : quand certains passent leur permis, d’autres plantent des fleurs et des arbres. «J’ai quand même passé mon permis au même moment. Et mon premier grand trajet, un mois plus tard, c’était pour aller au parc de Courson!»
Vous avez vraiment commencé très tôt, non ?
Avant mes 10 ans, je ramassais le muguet planté par mon père. À l’époque, je disais que je voulais être «jardinier, plantissier, cueillissier»! Mon grand-père avait quatre ou cinq jardins, mais uniquement potagers. Pour lui, il fallait que ce qui pousse se mange! Mon plus vieux souvenir, c’est un documentaire de FR3 sur Gilles Clément. En le voyant, je me suis dit que je voulais un jardin à moi! Un autre exemple de ma passion pour le végétal, c’est le jour où, en vacances sur l’île d’Oléron, on m’a emmené aux jardins de la Boirie. «C’est pour le gamin», ont dit mes parents. Normalement, tu fais plaisir à tes enfants en allant dans un parc d’attractions ou à la plage. Je pense qu’ils avaient compris que j’étais sérieux dans ma relation au végétal.
Cette relation, comment la définiriez-vous ?
Je suis un fou du végétal, il faut qu’il y en ait partout! Par ailleurs, sans être radin, j’ai un goût pour la récup’, que ce soit pour du matériel ou
Je suis un fou du végétal, j’en veux partout!
pour des végétaux. J’échange, je troque, j’offre. J’achète très peu. Je crois que le plus que j’aie jamais dépensé pour une plante, c’est 68 €. Mais bon, c’était pour une Dicksonia fibrosa, quand même… Du coup, les réseaux sociaux ont décuplé cette propension à chiner, à partager avec d’autres passionnés. Même si je n’ai pas attendu Internet pour ça. Je me rappelle ainsi avoir passé une annonce dans l’Ami des Jardins, je devais avoir 16 ans, pour échanger des hémérocalles contre des sujets rares.
Pour vos plantes, vous voyagez aussi beaucoup…
Là encore, les réseaux sociaux, notamment Facebook, ont considérablement élargi mon cercle de connaissances. J’ai des copains partout, tous aussi fous que moi. Et quand je vois une plante qui me plaît et qu’on est prêt à me céder, je n’hésite pas. J’ai parcouru l’Europe dans tous les sens, je suis allé aussi au Pérou, en Australie, au Japon. Et en France, je cours les pépinières, les marchés, les foires aux plantes. Enfin, quand c’était possible… Longtemps, j’ai été connu comme le loup blanc par le personnel de la SNCF. Ça les amusait de voir ce jeune partir à vide et revenir avec des sacs remplis de bulbes, des sachets de semences, des boutures. Je me définis d’ailleurs comme un «trimballeur de plantes»!
Que peut-on voir de particulièrement remarquable dans votre jardin ?
Peut-être ma collection de violettes. Parce qu’elle illustre cette passion partagée et résume ma vision du jardin. En 2011, j’avais 180 taxons. En 2012, on a eu jusqu’à -18 °C et il ne m’en est plus resté que 80. Les copains, de près et de loin, se sont mobilisés et m’ont envoyé des boutures. Grâce à eux, je suis remonté à une centaine.
Avant même de commencer mon jardin, j’avais son plan en tête.