MATHIEU ANGOT,
apiculteur et formateur, Les ruchers de l’an 01, dans la Manche
Les ruches en ville sont à la mode, et il est vrai que leur côté pédagogique est intéressant en milieu urbain. Mais attention à ne pas en abuser, ni à se faire abuser !
Mettre une ruche en ville peut être dangereux pour les passants aux abords du rucher, mais également lors de l’essaimage. Elle ira parfois s’installer où bon lui semble, dans la cheminée du voisin, ou sous l’auvent d’un café par exemple ! Dans des zones à forte densité de population, le risque de piqûre est plus élevé.
Le miel n’est pas meilleur en ville. Contrairement à une idée reçue, le miel urbain n’est pas forcément meilleur pour la santé. Une étude de l’ONIRIS de Nantes le notait déjà en 2012 : s’il contient légèrement moins de pesticides, on y trouvera des métaux lourds en plus grande quantité, à cause de la circulation.
Ne serait-ce pas avant tout du marketing ? Vous le voyez désormais partout, il faut « parrainer une ruche », ou faire un don pour sauver les abeilles et la biodiversité. Ce n’est malheureusement pas si simple et on ne sauvera pas l’abeille en la multipliant artificiellement comme on le fait depuis plus de 50 ans. Ce qui manque à l’abeille, ce ne sont pas des colonies concurrentes, mais plutôt un environnement plus adapté à ses besoins, en termes d’habitat et de ressources nutritionnelles.
Il faut également penser à la surpopulation d’abeilles. Ce sont presque 20 ruches par kilomètre carré qui peuplent Paris aujourd’hui. En engendrant une concurrence, cette surpopulation peut priver les colonies et les pollinisateurs sauvages d’une nourriture suffisante pour vivre et se reproduire.