Rencontre
Foisonnement sans ostentation et créativité : c’est ainsi que Cédric Maury élabore ses jardins de Laussagne, en Charente. Un lieu pour profiter de la nature et désormais ouvert à la visite et au partage.
FOISONNEMENT SANS OSTENTATION ET CRÉATIVITÉ DISCRÈTE MAIS BIEN PRÉSENTE : C’EST SOUS CES DEUX ANGLES COMPLÉMENTAIRES QUE CÉDRIC MAURY ÉLABORE PATIEMMENT SES JARDINS DE LAUSSAGNE, EN CHARENTE. UN LIEU D’ABORD SIMPLEMENT DESTINÉ À PROFITER DE LA VIE ET DE LA NATURE, ET QUI S’EST TRÈS VITE OUVERT À LA VISITE ET AU PARTAGE.
Ce jour-là, à Vouzan, petit village niché dans la forêt d’Horte, non loin d’Angoulême, le soleil tape fort pour un mois d’avril. Cédric Maury nous attend au bout d’une allée en castine bordée de massifs printaniers où explosent, sur fond de vert intense, les jaunes et les rouges éclatants des tulipes, pensées, narcisses et euphorbes.
Vous êtes apparemment un amoureux de la couleur ?
C’est en effet comme ça que je conçois le jardin. Mais je n’aime pas qu’il y en ait partout. Je fais en sorte que les couleurs s’allient avec subtilité et harmonie. Vous allez voir, dans les différentes zones que vous traverserez, il y en a toujours deux qui dominent avec, autant que possible, un lien entre elles.
D’où vous vient cette façon de procéder ?
Je ne sais pas, je fais juste selon mes envies. En revanche, mon amour du jardin remonte à loin. À 4 ans, j’avais toujours un arrosoir à la main. J’ai conservé les dessins que je faisais quand j’étais enfant : ce sont des «selfies» avant l’heure car on m’y voit systématiquement au milieu de fleurs, près d’une maison. Aujourd’hui, on y est!
Mais pourquoi ce type de jardins plutôt qu’une conception à la française ou japonaise ?
Là aussi, c’est une question de ressenti très subjectif. Je trouve les jardins à la française trop
Les couleurs doivent s’allier avec douceur et harmonie!
stricts et les jardins japonais, trop épurés. En quatrième, j’ai fait un voyage en Angleterre avec ma classe, et j’y ai vu des jardins qui ne ressemblaient en rien à ce que je connaissais. Il n’y avait pas cet alignement méthodique que je voyais partout ou presque en France. Mon goût du foisonnement est venu de là, le pense.
Pour autant, on n’est pas écrasé par les végétaux quand on déambule dans votre jardin et sa « lecture » est assez simple.
Mon idée n’est pas de perdre le visiteur ou de le noyer dans un univers végétal un peu m’as-tu-vu où on ne sait pas où donner de la tête. Je suis un amoureux des jardins de grand-mère, remplis de fleurs sans souci, que certains jugent peut-être un peu désuètes. Mais elles ont un charme qui leur est propre, que j’apprécie, et je crois, vu les retours que me font mes visiteurs, qu’il est apprécié par beaucoup.
Pouvez-vous nous en dire plus sur les nombreux objets de décoration qui ponctuent ce jardin ?
Il y a le produit de mon «farfouillage» sur les brocantes, mais aussi à la déchetterie verte non loin d’ici. Vous seriez surpris des véritables trésors qu’on y déniche! Et puis, il y a les créations en osier. J’ai toujours aimé travailler le végétal, sous quelque forme que ce soit. Je ne suis pas fleuriste, mais j’aime donner à mes plantes des supports ou des contenants que je fabrique selon mes goûts. J’ai commencé à en proposer sur les marchés locaux, puis j’ai été sollicité pour animer des cours de créations végétales à Vouzan et dans des communes environnantes. Et en hiver, j’organise ici des week-ends consacrés à la vannerie : on cueille, on apprend à reconnaître les végétaux et puis on tresse devant la cheminée. Je voulais un jardin vivant toute l’année, il l’est!
J’aime le foisonnement des jardins à l’anglaise.
Quand Cédric Maury a acheté la maison à la fin de l’année 2014, le précédent propriétaire n’avait pas laissé grandchose dans le jardin à part… le crottin de ses ânes ! Une bénédiction, finalement. Car si 2015 a surtout vu de gros travaux de nettoyage, le jardin en tant que tel n’a démarré réellement qu’au printemps de l’année suivante. C’est donc un jardin assez jeune mais qui, bénéficiant d’une terre enrichie par les équidés, donne une impression de maturité. Depuis 2016, il se développe en respectant les codes couleurs de Cédric : d’abord le jardin jaune et pourpre a vu le jour. Puis le rose et vert anis et enfin le jardin bleu et gris, à l’ambiance méditerranéenne, autour du bassin. En projet, Cédric a commencé le jardin blanc et le potager, avant le jardin de feu, qui sera l’ultime touche de couleur à ce tableau végétal d’environ 1 ha.