Detente Jardin

Rencontre

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Sous le ciel du Quercy, découvrez le jardin d’une jardinière passionnée par l’Asie, un endroit à la fois havre de paix végétal et lieu d’expériment­ations pour le maintien de la biodiversi­té au milieu de terres agricoles.

LE JARDIN SOUS LE CIEL EN QUERCY EST À LA FOIS UN HAVRE DE PAIX VÉGÉTAL ET UN LIEU D’EXPÉRIMENT­ATION POUR CATHERINE BOURZAT. UNE DE SES PRINCIPALE­S MOTIVATION­S EST LE MAINTIEN SANS CONTRAINTE­S D’UNE BIODIVERSI­TÉ SOUVENT MALMENÉE PAR LES PRATIQUES AGRICOLES MODERNES.

Ancienne élève de l’école du Louvre, diplômée en histoire de l’art et en chinois, Catherine Bourzat a beaucoup voyagé en Asie pour son travail, plus particuliè­rement en Chine. Quand elle a fini par poser ses valises dans le Quercy, pour appréhende­r son jardin, elle a mis en pratique un des principes fondamenta­ux du taoïsme : la recherche permanente de l’équilibre.

Votre jardin est foisonnant, il se décline en de nombreuses scènes très variées et reste pourtant parfaiteme­nt cohérent. Comment réussissez-vous ce tour de force ?

Ça a peut-être à voir avec la notion de feng shui qui signifie littéralem­ent «vent» et «eau», et avec le «qi» qui découle de la circulatio­n des énergies entre les deux. Modestemen­t, j’ai essayé d’établir un «qi» en harmonie avec ce qui m’entoure. Et si on y réfléchit bien, cette combinaiso­n d’équilibre et de mouvement, c’est une notion d’écologie avant l’heure!

Vous avez passé une bonne partie de votre vie à voyager, notamment en Asie. Pourquoi avoir attendu d’être dans le Quercy pour appliquer ces principes éminemment orientaux ?

Regardez où nous sommes : au milieu de terres agricoles; s’il y a un endroit où il faut introduire

Je suis dans une recherche permanente de l’équilibre.

de la vie – donc de la circulatio­n et de l’harmonie –, c’est bien ici, non?

Cela a-t-il été difficile à mettre en place ?

Le plus dur a été d’apprivoise­r la terre argileuse. Elle est vraiment difficile quand il s’agit de créer un jardin d’agrément. J’ai commencé par bien observer et j’ai laissé les choses venir. J’ai beaucoup «déchienden­té» aussi. J’ai commencé à coloniser l’espace en plantant des iris qui supportent aussi bien la terre argileuse que les étés secs que nous avons ici.

Vous avez aussi eu une mauvaise surprise avec une terre livrée pour de la terre de jardin et qui s’est avérée une terre de remblai. Tout à fait morte.

Une très mauvaise expérience, oui. Elle m’a obligée à imaginer des stratégies nouvelles. C’est finalement assez simple : il faut que le sol soit couvert en permanence, jamais à nu, pour que ça travaille en dessous, que ça décompacte, que ça aère, que ça allège. En 2014, la partie derrière la maison était un vaste chantier. J’ai posé des cartons par terre, ils ont nourri les petites bestioles souterrain­es qui m’ont peu à peu recréé du sol. On était un mois avant les Rendez-vous au jardin, j’ai décidé d’en faire le sujet de ma visite. Ce n’était pas très beau mais les gens ont adoré!

Justement, qu’en est-il de votre approche esthétique du jardin ?

Je pense que la Chine et peut-être aussi les cours de l’école du Louvre m’ont donné un certain regard. Quand je suis arrivée ici, c’était comme une forteresse, un lieu clos. J’ai taillé, j’ai élagué, pour que le regard puisse circuler, à l’intérieur comme à l’extérieur, pour «emprunter le paysage», et pour que le jardin incorpore son environnem­ent.

C’est toujours le jardin qui décide : moi, je ne fais que le suivre.

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 ??  ?? 1. Sur la terrasse devant la maison, Catherine Bourzat a gardé du jardin d’avant les spirées et le viburnum qui ombre la table. Les coussins d’Erigeron karvinskia­nus apportent de la légèreté. Ils résistent parfaiteme­nt à la sécheresse.
2. Derrière la maison, une allée de yuccas aux pieds bordés d’une rivière de couvre-sols court sous un Albizia julibrissi­n et une structure en ferraille où grimpe un rosier ‘Mme Émilie Souffrain’.
3. Emblématiq­ue d’un jardin de fin d’été, un massif d’asters issus de boutures ramassées ici et là.
1. Sur la terrasse devant la maison, Catherine Bourzat a gardé du jardin d’avant les spirées et le viburnum qui ombre la table. Les coussins d’Erigeron karvinskia­nus apportent de la légèreté. Ils résistent parfaiteme­nt à la sécheresse. 2. Derrière la maison, une allée de yuccas aux pieds bordés d’une rivière de couvre-sols court sous un Albizia julibrissi­n et une structure en ferraille où grimpe un rosier ‘Mme Émilie Souffrain’. 3. Emblématiq­ue d’un jardin de fin d’été, un massif d’asters issus de boutures ramassées ici et là.
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1. Coin repos devant un rideau zigzaguant de bambous dorés (Phyllostac­hys aurea) et de la ballote commune qui apporte lumière et simplicité au jardin.
2. Autour du bassin inspiré des jardins persans, ambiance mixed-border de graminées et de nombreuses essences d’arbres dont le mûrier de Chine (au fond), à l’ombre aussi fraîche que sa couleur est chaleureus­e.
3. Sous la branche d’un mûrier de Chine, une vue sur la maison qui permet d’apprécier les transition­s de hauteur données par la pergola surmontée d’une glycine et, devant la porte bleue, un coussin de spirée.
4. La terrasse plein ouest permet une transition entre intérieur et extérieur.
5. Catherine Bourzat devant un massif de sédums (à droite) et les restes des structures en bambous où grimpaient les tomates sans arrosage de son potager de poche.
2 1. Coin repos devant un rideau zigzaguant de bambous dorés (Phyllostac­hys aurea) et de la ballote commune qui apporte lumière et simplicité au jardin. 2. Autour du bassin inspiré des jardins persans, ambiance mixed-border de graminées et de nombreuses essences d’arbres dont le mûrier de Chine (au fond), à l’ombre aussi fraîche que sa couleur est chaleureus­e. 3. Sous la branche d’un mûrier de Chine, une vue sur la maison qui permet d’apprécier les transition­s de hauteur données par la pergola surmontée d’une glycine et, devant la porte bleue, un coussin de spirée. 4. La terrasse plein ouest permet une transition entre intérieur et extérieur. 5. Catherine Bourzat devant un massif de sédums (à droite) et les restes des structures en bambous où grimpaient les tomates sans arrosage de son potager de poche.
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