Benoît Cadart,
vigneron* à Meusnes, dans le Loir-et-Cher.
Nous avons commencé les essais de culture d’engrais verts en 2017 sur les préconisations du réseau Dephy (regroupant des acteurs du monde agricole et ayant pour finalité de déployer des techniques performantes, économes en produits phytosanitaires). Tout d’abord sur une surface de 1 ha, puis 3 ha en 2018 et, enfin, 20 ha depuis 2020 car nous nous sommes équipés d’un semoir avec plusieurs vignerons. Nous utilisons les légumineuses dans nos vignes, généralement un rang sur deux, pour leur capacité à capter l’azote de l’air grâce aux nodosités de leurs racines. Elles ont permis de diminuer drastiquement les doses d’engrais minéraux. La chambre d’agriculture missionnée par Dephy a réalisé des dosages d’azote, et a observé rapidement un taux de matières organiques très élevé grâce aux engrais verts. Pour une bonne vinification, l’azote est un minéral majeur. Nous semons donc essentiellement des légumineuses
(80 % de féverole; 20 % de trèfle nain, souterrain, incarnat et blanc, et de vesce), mais aussi de l’avoine et de la phacélie. En effet, ces espèces possèdent un système racinaire puissant et profond qui permet de décompacter le sol tassé par les engins lors de l’entretien des ceps et de faciliter le drainage
L’azote apporté par la féverole favorise la fermentation du raisin
naturel des parcelles. Nos terres ressuient mieux et l’eau pénètre bien en profondeur. Les engrais verts viennent en complément de l’enherbement naturel trop concurrentiel pour la vigne les années de sécheresse. Nous semons après les vendanges, entre septembre et octobre, sur des rangs déjà travaillés pour faciliter l’incorporation. Les engrais verts sont roulés** entre fin mars et début avril de préférence, avant les risques de gelées printanières. Ils occupent le sol comme paillage naturel et évitent la pousse des mauvaises herbes et la battance des précipitations hivernales. Depuis 4 ans, nous faisons nos propres graines de féverole. Nous achetons également des mélanges tout prêts. Un petit bémol pour le trèfle, sensible à la canicule avec son enracinement superficiel et invasif par semis spontanés.
* Au domaine vinicole familial du Château de Quinçay.
** Un rouleau, composé de disques, casse les fibres de l’engrais vert qui est ensuite laissé sur place.