STÉPHANE BERN

LE PATRIMOINE EST LE TRÉSOR DE LA FRANCE

Qu’est-ce qui fait le charme d’un village élu ?

Stéphane Bern. Un « village préféré » est un village qui a toutes les qualités que le public peut aimer, c’est-à-dire un patrimoine bâti remar- quable, une ambiance, une convivialité. Il y a aussi une richesse humaine qui est importante. Elle fait partie des choses que l’on valorise, il ne faut pas que ça soit un musée mort. Le bien-vivre ensemble est important également. Les traditions culinaires, culturelles, les métiers d’art… en font partie.

À quoi ressemble la sélection 2016 ?

Les villages sont tous très différents, vous en avez des saxons, des latins, certains sont en tuffeau, d’autres en schiste ou en granit. Vous avez des toits en tuile ou en ardoise. Il se trouve qu’on est obligés de composer avec une nouvelle réalité géopolitique qui est qu’il n’y a plus que treize régions en France. Un village représente une région, de cette faiblesse on fait une force : il y a une moins grande variété mais on s’arrêtera davantage dans chaque village, on va prendre plus le temps de raconter des histoires. Cette année vous avez vraiment des best-sellers, des mastodontes comme Gordes, Rocamadour, Rochefort-en-terre, Candes-saint-martin. Dès

Valoriser le bâti, les métiers d’arts, les traditions : une mission dont s’empare avec panache et volontarisme Stéphane Bern, qui s’est d’ailleurs récemment investi dans la restauration d’un collège royal et militaire dans le Perche.

que je donne la liste des noms les gens me disent « Ah oui, ah oui, je connais, c’est très beau ». Il y a Plombières-les-bains aussi que je trouve magnifique. C’est dans les Vosges, et ce village mérite d’être plus connu.

Nouveauté : il n’y a plus de classement… Un village va être élu mais, en effet, il n’y aura plus de classement. Il faut être honnête, ils sont tous à égalité. Donc on cesse les lancements de classement pour quelque chose qui est plus proche de mon naturel : aller vers les gens, discuter avec eux…

Quelle liberté offre cette nouvelle écriture de l’émission ? Je me sens plus à l’aise. Désormais, c’est une sorte de road movie, avec une MG. Je suis ravi d’aller partout et j’ai désormais la possibilité d’improviser. Hier, j’ai voulu aller chez un antiquaire, je suis rentré chez un antiquaire, j’ai envie d’acheter un kouign-amann, j’entre et je l’achète. On ne me fait pas faire de choses que je n’ai pas envie de faire. Je fais ce que j’aime. Et j’aime le patrimoine, j’aime l’histoire, j’aime les métiers d’art que les villages de patrimoine permettent de sauver, de préserver. Le patrimoine est le trésor de la France.

Ce patrimoine est-il en danger ? Il est très en danger, il n’y a plus de dotations de l’état aux collectivités locales. Cela va obliger les maires à trouver des idées, je leur en ai donné quelques-unes comme se faire aider grâce au financement participatif ou par la Fondation du Patrimoine… Il y a une autre solution qui est très forte : aux États-unis, vous avez un système que je trouve merveilleux, vous êtes dans une chambre d’hôtel ou autre et on vous demande : « Acceptezvous qu’un dollar soit prélevé sur votre note pour sauver tel monument ? » Les gens disent toujours oui. J’invite les maires à s’en inspirer. Si chaque visiteur donne un euro, vous imaginez…

L’émission fête ses 5 ans, les ressources seront-elles bientôt épuisées ? C’est inépuisable ! Et c’est impressionnant. Combien de pays en dehors de la France peuvent se dire qu’ils peuvent tenir vingt ans au moins avec Le Village préféré ? ! Il y a qui ? l’italie, l’allemagne, l’angleterre et l’espagne ? La France est un véritable musée à ciel ouvert.