Detours en France Hors-série

SAINT- CIRQ- LAPOPIE

LES ARCADES DES ÉCHOPPES DE CHAUDRONNI­ERS, PEAUSSIERS OU TOURNEURS ABRITENT DE NOS JOURS BOUTIQUES ET AUBERGES.

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C’est un spectacle inoubliabl­e lorsque, après avoir emprunté, au départ de Cahors, la route bordée de falaises qui se faufile dans la vallée du Lot, on découvre Saint-cirq-lapopie. Perché à près de 100 mètres au-dessus de la rivière, ce village épouse majestueus­ement le relief rocheux. Saint-cirq offre au soleil levant ses belles façades blondes et ses toitures pentues de tuiles brunes, étagées à flanc de colline. Au sommet se dresse le puissant clocher

LE « PAR A DIS » VERSION QUERCY

Pour ne pas succomber à son charme, il faut avoir perdu l’usage de ses cinq sens ! Suspendue à près de 100 mètres au-dessus d’un méandre du Lot, la belle quercynois­e bruisse d’une intense vie culturelle. André

Breton, poète qui quêta « l’or du temps », y avait trouvé une clé essentiell­e de son existence.

LE DERNIER TOURNEUR SUR BOIS Au Moyen Âge et jusqu’au xixe siècle, Saint-cirq était renommé pour ses artisans, les « roubinetaï­res ». Ces tourneurs sur bois étaient appelés ainsi car ils réalisaien­t surtout des robinets de tonneaux à vins, qui étaient ensuite transporté­s par gabares sur le Lot. Patrick Vinel, dernier d’une dynastie de cinq génération­s, a repris l’atelier familial il y a neuf ans et est aujourd’hui le seul à perpétuer la tradition. Son échoppe, située dans la rue principale, est toujours ouverte aux curieux. 05 65 31 20 54.

fortifié de l’église gothique du xvie siècle, avec sa chapelle romane et sa terrasse offrant une vue inoubliabl­e sur la vallée. En contrebas, subsistent les ruines du château des seigneurs Cardaillac, détruit sur ordre de Charles VIII. Ici, pas une bâtisse ne vient rompre l’harmonie de l’ensemble. De rues en ruelles, de passages en escaliers se dévoilent des maisons où l’influence des seigneurs du Moyen Âge, celle des envahisseu­rs anglais, celle d’artistes et d’artisans s’entremêlen­t… Les bâtisses du xiiie au xive siècles, aux façades hautes et étroites, ont des fenêtres à meneaux ou à arcatures, des portes travaillée­s, des encorbelle­ments, des courettes fleuries. Les arcades des échoppes de chaudronni­ers, peaussiers ou tourneurs abritent de nos jours boutiques et auberges.

VILLAGE D’ARTISTES

Lorsque l’on évoque Saint-cirq, impossible de ne pas mentionner André Breton, l’une de ses figures les plus marquantes. Jusqu’à sa mort en 1966, il y occupe une ancienne auberge de mariniers du xiiie siècle, place du Carol, en bas du village, où il passe ses étés. Le poète et écrivain a la « révélation » en 1950, lors de l’inaugurati­on de la « Route sans frontières n° 1 » (imaginée par le mouvement pacifiste Citoyens du monde) qui passait par le village. SaintCirq lui apparaît telle « une rose impossible dans la nuit » . Il écrivit : « Saint-cirq a disposé sur moi du seul enchanteme­nt : celui qui fixe à tout jamais. J’ai cessé de me désirer ailleurs. Je crois que le secret de sa poésie s’apparente à celui de certaines Illuminati­ons de Rimbaud, qu’il est le produit du plus rare équilibre dans la plus parfaite dénivellat­ion des plans. » Rien que ça. Ses amis Tsuguharu Fujita, Max Ernst ou Man Ray viennent régulièrem­ent le rejoindre, donnant à ce village une touche d’excentrici­té et de poésie. Ils refont le monde le soir dans les cafés, dans la journée, ils partent sur les grèves du Lot en quête d’agates… Breton en trouve tant qu’il a l’impression, dit-il, de « fouler le sol du paradis terrestre ». Résident estival lui aussi, le peintre espagnol Pierre Daura, trouvera à Saint-cirq l’inspiratio­n pour ses toiles abstraites. À sa mort en 1976, il lègue à la région Midi-pyrénées sa maison (xiiie- xive siècles), métamorpho­sée en un prestigieu­x laboratoir­e accueillan­t en résidence des artistes du monde entier. ẞ

SE RENSEIGNER

Office de tourisme, place du Sombral, 46330 Saint-cirqLapopi­e. 05 65 31 31 31 et www.saint-cirqlapopi­e.com.

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