FOCUS : SAINT CHRISTOPHE
LE PASSAGER CLANDESTIN
Histoire vraie. « Glorieux martyr saint Christophe, obtenez, je vous en supplie et j’implore votre puissant secours, d’être préservé des accidents, des catastrophes liés aux voyages et aux déplacements. Délivrez-moi de toute mort subite ou imprévue et de toute fin malheureuse. » Et le récitant de cette prière des voyageurs, en l’occurrence un chauffeur de taxi (très croyant ou dangereusement supersticieux ?), de baiser une représentation en argent de Saint- Christophe.
Sans aller s’en remettre à Dieu et ses saints à chaque fois qu’ils claquent la portière de leur voiture, bouclent leur ceinture de sécurité et mettent le contact, nombre d’automobilistes ont orné leur tableau de bord, leur pare-soleil, leur porte- clés de voiture ou l’intérieur de leur boîte à gants d’un médaillon de saint Christophe, le saint patron des automobilistes, et plus largement des voyageurs.
Qui était- il ? Personnage légendaire popularisé par Jacques de Voragine, archevêque de Gênes, dans sa Légende dorée (xiiie siècle), Christophe de Lycie incarne un saint martyr du christianisme qui chercha à se mettre au service du maître le plus puissant, Christ-roi. Son histoire se confond avec celle de Réprouvé, un Cananéen (Canaan étant la terre promise aux Hébreux par Dieu à Moïse) aux allures de géant. Ce dernier rencontra un ermite qui lui expliqua pourquoi et comment il devait avoir foi en Jésus- Christ. Avouant à l’ermite ne pas comprendre ce qu’il attendait de lui, car ignorant de la foi, celui- ci lui désigna et un fleuve tumultueux et lui ordonna alors de s’y poster afin de faire passer, grâce à sa force incroyable, toute personne qui mandera son secours pour franchir le cours d’eau et rejoindre l’autre rive. Aucune âme ne se présentait à lui lorsqu’un enfant le héla à plusieurs reprises. L’homme l’installa sur son épaule et se mit à franchir le fleuve. Alors qu’il progressait, l’enfant devenait de plus en plus lourd et l’eau de plus en plus menaçante. Parvenu sur la berge, l’enfant révéla à l’homme qu’il était Christ-roi, qu’il devait désormais abandonner son nom pour prendre celui de Christophe et que s’il plantait son bâton face à sa maisonnette juchée sur la rive du fleuve, il arriverait quelque chose d’extraordinaire. Et l’enfant disparu. L’homme s’exécuta et, au matin, il constata que son bâton était fleuri et lourd de belles grappes de dattes.
Christophe se mit alors en route vers la Lycie (Asie mineure). De ville en ville, il rencontrait les populations, leur apportant la parole de Dieu et les convertissant par milliers. Courroucé par les actions de ce Christophe, le roi finit par le faire arrêter. Il le supplicia avant de le décapiter.
Dans l’iconographie chrétienne, Christophe (dérivé du grec Khristos, Christ, et de phorein, porter), l’homme « porte- enfant », est communément représenté par un homme traversant une rivière avec un enfant porté sur l’épaule. Saint- Christophe portant l’enfant Jésus est un thème qui a été développé dans la peinture, des primitifs flamands aux peintres de la Renaissance.
Saint protecteur vénéré des chrétiens ou simple amulette pour esprit superstitieux souhaitant éloigner le mauvais sort, saint Christophe, le saint des automobilistes et des voyageurs, est le passager permanent de beaucoup de conducteurs. Mais le connaissezvous vraiment ?