Detours en France Hors-série

LES VOLCANS D’AUVERGNE

TOUT EN RONDEURS

- PAR DOMINIQUE LE BRUN

En reliant Clermont- Ferrand à Aurillac par les monts Dôme et Dore ainsi que les monts du Cantal, puis en revenant par le plateau du Cézallier et les lacs, on parcourt tous les sites qui donnent à l’auvergne sa dimension sauvage et dépaysante : sur les rondeurs de la vieille montagne, les étendues herbeuses ne prennent-elles pas des dimensions de steppes asiatiques ? Au bord des lacs bleu pastel ou gris anthracite, les bouleaux rabougris et les conifères aux troncs torturés, enracinés dans la roche grise, évoquent le Grand Nord scandinave ou canadien. Le vieux ClermontFe­rrand, lui, offre un visage qui n’appartient qu’à lui, avec ses hautes églises de lave noire pointant flèches et clochers au-dessus d’un fouillis de toitures en tuile rousse.

LA CHAÎNE DES MONTS DÔME

Avant de se lancer dans l’exploratio­n de cette partie du Massif central, ce serait une bonne chose que de visiter Vulcania où, dans ce qui se présente comme un parc d’attraction­s, on apprendra tout ce qu’il faut savoir de la formation des volcans pour apprécier les paysages comme ils le méritent. Vulcania se trouve à 15 kilomètres au nord-ouest de ClermontFe­rrand, à Saint-ours-les-roches. On reviendra ensuite vers

LES RANDONNEUR­S LE SAVENT : CE N’EST PAS TOUJOURS L’ALTITUDE QUI FAIT LA MONTAGNE, ET LE MASSIF LE PLUS EXOTIQUE DE FRANCE N’EST PEUT- ÊTRE PAS CELUI QUI COMPTE LES PLUS HAUTS SOMMETS. ON EN FERA L’EXPÉRIENCE EN ACCOMPLISS­ANT LE TOUR DES VOLCANS ET DES PUYS D’AUVERGNE, OÙ UNE MONTAGNE À DIMENSION HUMAINE OFFRE LE PLUS VIF DES DÉPAYSEMEN­TS.

les Monts Dôme, chaîne de 112 volcans (éteints !) courant sur une trentaine de kilomètres. Depuis le sommet du Puy-deDôme, on domine un paysage de cratères et de landes rases, quasi lunaire. Une jolie promenade consiste à descendre son flanc nord par le sentier balisé qui offre la meilleure vue sur les puys de Pariou et de Côme, les plus caractéris­tiques de tous les volcans de la chaîne. À savoir : les formes arrondies du puy de Dôme viennent de ce que la lave s’est refroidie dès son apparition à l’air libre ; alors que le cratère du puy de Pariou révèle une éruption violente.

DIRECTION LE MONT-DORE

Entre le col de la Ventouse et le mont Dore, la route D983 multiplie les coups d’oeil saisissant­s avec notamment les très sauvages lacs Servière et de Guéry, et surtout les roches Tuilière et Sanadoire. C’est du col de Guéry qu’on appréciera le mieux les énormes rochers dont le premier se compose d’un faisceau de colonnes prismatiqu­es qui fut la cheminée d’un ancien volcan effondré.

AUTOUR DU MONT-DORE

Le Mont- Dore mélange l’ambiance des villes d’eau du xixe siècle et celle des villages de montagne aux toits d’ardoise épaisse, devenus stations de sports d’hiver avec la mode du ski. Outre ses parcs et ses promenades, il offre un bon point de départ pour deux excursions incontourn­ables : le puy de Sancy et la vallée de Chaudefour. Ses 1 886 mètres font du Sancy le point culminant du Massif central. On y accède par la station du Mont-dore, un téléphériq­ue dépose quasiment au sommet d’où, par beau temps, la vue porte jusqu’aux Alpes du Dauphiné. Mais pourquoi ne pas y monter à pied depuis le col de la croix-saint-robert ? « Faire » ce sommet demande 3 heures d’ascension facile, en suivant les balises du sentier GR4. La vallée de Chaudefour se trouve à 15 kilomètres du Mont-dore par la D36. Du parking aménagé au bord de la route, un chemin s’enfonce dans une gorge qui conduit au pied du massif du Sancy qui, sous cet angle, montre des reliefs très acérés. Cette balade, quoique facile, demande une demi-journée.

DE LA BOURBOULE À BORT-LES-ORGUES

7 kilomètres à l’ouest du Mont-dore, la Bourboule est une autre station thermale typique du xixe siècle, dont le grand parc est planté de séquoias. C’est d’ici qu’on se met en route vers le sud de l’auvergne, via le plateau de l’artense. Plateau granitique, l’artense présente un relief tourmenté dont les creux sont occupés par des lacs et des tourbières, et les bosses par des pâtures et des bois. Tel est le paysage que l’on traverse en passant par La Tour-d’auvergne, Bagnols et Bort-les- Orgues. De Bort, on admirera les constructi­ons basaltique­s qui lui ont donné son nom, et le barrage sur la Dordogne qui a créé un lac long de 15 kilomètres.

DE BORT-LES-ORGUES À SALERS

La D679 sinue jusqu’à Champs-sur-tarentaine avant d’entrer dans les gorges boisées de la Rhue, où on longe le lac

Ses 1 886 mètres font du Sancy le point culminant du Massif central. On y accède par la station du Mont-dore, un téléphériq­ue dépose quasiment au sommet d’où, par beau temps, la vue porte jusqu’aux Alpes du Dauphiné.

artificiel de Vaussaire. Au bout de celui- ci, guettez la D47 qui conduit à Saint-amandin. On y trouvera la D678 en direction de Riom- ès- Montagnes, Trizac et Mauriac. On s’arrêtera à Riom pour visiter la Maison de la gentiane, où on apprendra non seulement les secrets de fabricatio­n de l’apéritif amer (la Suze). Puis, après Valette, on ne manquera pas les orgues basaltique­s de Peyre- Grosse, avec de beaux points de vue sur la région de Bort. Passés Trizac puis Moussages, guetter sur la gauche la D22 vers Anglards- de-salers et Salers. À juste titre classé parmi les « Plus beaux villages de France », Salers dresse ses demeures anciennes en belvédère au- dessus des vallées de l’aspre, du Rat et de la Maronne. Parce que ce village devint, au tournant des xve et xvie siècles, chef-lieu de bailliage des Hautes Montagnes d’auvergne, juges et officiers de justice s’y installère­nt, édifiant les hôtels qui font aujourd’hui son charme. Au bout du village, l’esplanade de Barrouze offre une vue idéale sur les monts du Cantal, avec en premier plan le puy Violent.

LES MONTS DU CANTAL

La D680 vers le col de Neronne nous fait entrer dans ce paysage grandiose, dominant le cirque du Falgoux avant d’atteindre le Pas de Peyrol. À 1 582 mètres d’altitude, c’est le plus haut col routier de tout le Massif central, et le départ de l’ascension du puy Mary, point culminant des monts du Cantal avec 1 787 mètres d’altitude. Un sentier facile conduit au sommet : quelle vue ! Par beau temps, elle porte jusqu’au Cézallier et aux monts Dore dans le nord, et au Livradois et au Forez dans le sud-est. Il faut prévoir 1 heure et demie pour l’aller-retour. Du Pas de Peyrol, la D17 descend vers la vallée de Mandailles, offrant un joli coup d’oeil sur les 1 694 mètres du puy Griou. On longe ainsi la rivière Jordanne dont

le lit contiendra­it encore, disent certains, des paillettes d’or ! Mais à Saint-julien-de-jordanne, pour rejoindre Aurillac, on a le choix entre la large D17 dans la vallée, et l’étroite mais sublime route des Crêtes, qui domine toutes les vallées qui se succèdent jusqu’à Salers. Pour ses vieux quartiers autour de l’église Saint- Géraud, Aurillac mérite une halte avant de revenir vers le Cantal. On suit pour cela la N122 en direction de Murat : s’y succèdent les très beaux villages de Vicsur- Cère et de Thiézac. Les virages en lacet du col de Cère (1 294 m) annoncent qu’on a retrouvé les sommets. Voici en effet la station de ski de Super-lioran, où un téléphériq­ue donne accès au Plomb du Cantal (1 855 m). Ici encore, le panorama est à couper le souffle.

DE MURAT À CLERMONT-FERRAND

Toujours par la N122, on atteint le pittoresqu­e bourg de Murat, dont les maisons semblent s’accrocher au rocher de Bonnevie, faisant face à l’église de Bredons, de l’autre côté de l’étroite vallée. Et c’est ici qu’on prend le chemin du retour vers Clermont-ferrand en longeant les confins du plateau du Cézallier. La tache blanche que ce dernier marque sur la carte est frappante : voici donc des immen-

sités herbeuses qu’aucune route ne traverse ! La D3 puis la D16 nous conduisent à Condat, village isolé à un carrefour de vallées boisées, au bord du lac artificiel créé par le barrage hydroélect­rique des Essarts. Dominant ce dernier, la forêt de Maubert possède plusieurs arbres remarquabl­es comme le hêtre Pierre et Paul Buffault, qui atteint 44 mètres de hauteur ! En route pour Besse-en-Chandesse et SaintNecta­ire, on traverse la région des lacs, tous admirables à divers titres. Méritent ainsi l’arrêt, voire un léger détour : Montcineyr­e pour son caractère sauvage, Pavin pour la couleur de ses eaux, et Chambon pour son cadre bucolique. Mais il en existe d’autres ! De Besse-en- Chandesse, on appréciera les demeures anciennes et les vestiges de rempart ; et à Saint-nectaire, on dégustera un fromage fermier accompagné d’un de ces petits vins d’auvergne qui mériteraie­nt d’être mieux connus, comme le chanturgue et le châteaugay. Enfin, aux portes mêmes de Clermont- Ferrand, la montée sur le plateau de Gergovie s’impose. On ne sait toujours pas si c’est vraiment ici que le chef gaulois Vercingéto­rix emporta sa fameuse victoire sur les légions romaines. Mais qu’importe. Car depuis le plateau, le panorama sur toute l’auvergne est tellement extraordin­aire que la question se pose : l’histoire de Gergovie ne relève-elle pas plus du symbole que de la réalité historique ? ẞ

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