Detours en France Hors-série

UNE ODE À L’IODE

DE SAINT - VALERY À CALAIS

- PAR PHILIPPE BOURGET

L’embouchure de la Somme est un sanctuaire de la nature. C’est la raison pour laquelle les Parisiens s’y rendent nombreux. En campingcar, chacun aura intérêt à poser son véhicule en des points précis de la baie pour aller, à vélo ou en train, découvrir l’estuaire au grand air. Arrêtons- nous à SaintValer­y-sur-somme. La petite cité affiche un standing de ville de notables, souvenir d’une époque où ceux- ci s’y pressaient nombreux en villégiatu­re. En front de baie, l’allée bordée de tilleuls et de villas du début du xxe siècle témoigne de cette opulence. La ville haute, protégée de remparts, est à l’inverse une adorable cité de briques et de colombages, ramassée autour de l’église SaintNicol­as. Quant au quartier de Courtgain, aux maisons basses mitoyennes et fleuries, il rappelle que la ville fut aussi un port actif. Même si, comme l’écrivait Anatole France en 1886, « un vent salé apporte une âcre odeur de marée », l’ensablemen­t de la baie contraint les bateaux à déposer leur pêche en aval. À dix kilomètres de là, en subissant parfois les ruades du vent d’ouest, vous conduirez votre camping- car jusqu’au port avancé du Hourdel, pour voir arriver les petits chalutiers et observer les veaux marins se prélasser dans la Manche. Un train touristiqu­e relie d’avril à novembre Saint-valery au Crotoy. Le temps d’une excursion, vous découvrire­z les paysages mouvants des marais. La mer y rejoint le ciel, dans un fondu gris- noir tacheté d’herbes. Le milieu grouille de vie… et d’humains : chasseurs, pêcheurs, ramasseurs de coques, cueilleurs de salicorne et promeneurs sont ici à leur aise.

FIEFS DU TOURISME BALNÉAIRE

Plus populaire que Saint-valery, Le Crotoy a accueilli Jeanne d’arc et Jules Verne. Aujourd’hui, les visiteurs apprécient sa grande plage de sable, bordée de cabines blanches. À 10 km se trouve le remarquabl­e parc ornitholog­ique de Marquenter­re, écrin de nature formé de dunes, de marais, de prés salés… Ouvert à la promenade tous les jours à partir de 10 heures, vous y apercevrez, d’observatoi­res en tours de guets, spatules, aigrettes, hérons, cigognes… et toute la panoplie de paysages d’entre mer et terre. Cap au nord vers la baie d’authie, par la D940. Un estuaire plus intimiste où vous

REMONTANT LE LITTORAL DE LA MANCHE, CETTE ÉCHAPPÉE AU NORD DÉVOILE SUR PLUS DE 100 KILOMÈTRES LES RICHESSES DES BAIES DE SOMME ET DE L’AUTHIE, LE CHARME DES STATIONS BALNÉAIRES, L’ACTIVITÉ DES PORTS DE PÊCHE D’ÉTAPLES ET DE BOULOGNE-SUR-MER ET LES SPLENDIDES FALAISES DES CAPS GRIS-NEZ ET BLANC-NEZ.

> aurez plaisir à arrêter le véhicule pour observer les paysages d’estran, de dunes et de mollières (prés salés). Depuis Berck, vous pourrez aussi effectuer la petite boucle pédestre aménagée dans les dunes. Vous voilà donc dans le Pas-de- Calais. Jusqu’à Boulogne-sur-mer, la D940 invite à emprunter des routes secondaire­s qui, toutes, s’achèvent immanquabl­ement dans des stations littorales. Bienvenue dans ce territoire de tourisme balnéaire, né à la fin du xixe siècle. Autant qu’à Berck et son vernis populaire ( joli musée sur l’histoire maritime), vous trouverez intérêt à faire étape au Touquet- ParisPlage, plus « collet monté ». Vous y débusquere­z de splendides villas anglo-normandes, Art déco ou néoclassiq­ues. N’hésitez pas aussi à prendre un thé et à fréquenter les boutiques chics du centre-ville. Le long de cette côte que l’on appelle Opale, en raison de l’irisation bleue laiteuse de sa lumière, vous pourrez aussi faire halte dans des stations secondaire­s, comme Merlimont-plage, Stella-plage ou Hardelot, toutes bordées de magnifique­s plages et de dunes. Besoin d’effectuer quelques courses ? Stoppez à Étaples, 5 kilomètres à côté du Touquet. Sur les bords de la Canche, la ville demeure un port important. Assistez au retour de pêche et visitez Maréis, le centre de découverte de la pêche en mer. Et oubliez votre cuisine embarquée pour déguster, dans un restaurant, fruits de mer et poissons du jour.

BOULOGNE-SUR-MER, PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO

Boulogne-sur-mer est peut-être l’étape la plus surprenant­e du parcours. Chacun connaît son port de pêche, le plus important de France. Mais sait- on que cette cité populaire cache aussi un centre ancien fortifié de remparts,

CHACUN CONNAIT LE PORT DE PÊCHE DE BOULOGNE-SUR-MER, LE PLUS IMPORTANT DE FRANCE. MAIS LA VILLE CACHE AUSSI UN CENTRE ANCIEN FORTIFIÉ DE REMPARTS.

> où trônent une immense basilique, un château-musée et un beffroi classé au patrimoine mondial de l’unesco ? Enrichie par le hareng, la ville reste le premier port européen pour la transforma­tion du poisson. Pour voir l’arrivée des chalutiers et l’activité de gros, il faudra se lever à 4 heures, tandis que vers 9 heures, les femmes de marins s’activent aux étals de poissons pour la « petite pêche ». Depuis le port, la rue de la Lampe monte à l’assaut de la vieille cité, au pied de laquelle un parking vous attend. Surprise, donc ! Dans l’enceinte percée de portes défensives, l’architectu­re bourgeoise des xviiie et xixe siècles se mêle aux éléments médiévaux. Ils dessinent un paysage urbain d’où trois monuments émergent : le beffroi, le château-musée et la basilique. Le premier, tour carrée du xiie siècle, domine de 35 mètres la façade de l’hôtel de ville. Le château-musée médiéval, lui, déploie son polygone renforcé de tours. Quant à la basilique Notre-dame, (xixe siècle), elle expose son dôme culminant à 101 mètres en mimant ceux des Invalides ou de Saint-pierre de Rome.

LES CAPS GRIS-NEZ ET BLANC-NEZ

Boulogne se targue aussi d’être la porte d’entrée vers les célèbres caps Gris- Nez et Blanc- Nez. En sortant de la ville, le paysage routier devient vite spectacula­ire. La Manche houleuse danse à gauche à travers les vitres. Passé Wimereux, les dunes de la Slack et la pointe aux Oies s’offrent à la cavalcade des vagues. Au loin, Ambleteuse et son fort Vauban se devinent à travers les embruns. L’étape suivante se nomme Audressell­es (16 km au nord de Boulogne). Un joli petit village de pêcheurs, aux mai- sons mitoyennes blanches à volets bleus. Sous la halle, un flobart rappelle que ce type de grosse barque à proue large servait il n’y a pas si longtemps à caboter le long de la côte. La route – toujours sur l’agréable D940 – laisse le cap Gris-nez à gauche pour filer à Wissant. Vous voilà tout près des falaises anglaises du Kent, éloignées de seulement 28 kilomètres. Pour mieux apprécier ce panorama d’outre-manche, une balade à pied vers le cap Blanc-nez s’impose (3 heures A/R). Une fois le véhicule stationné au petit parking du hameau de Strouanne, le sentier littoral dévoile l’autoroute à bateaux que constitue le Pas de Calais. Il montre le trait net que forme la falaise de craie du cap Blanc-nez. Il souligne le damier vert-brun des labours et

prairies. Le chemin progresse ainsi jusqu’au pied de la falaise Blanc-nez puis s’ouvre sur le joli village d’escalles, niché dans un creux de vallon. Arrivé au belvédère du cap, il reste à admirer une dernière fois le paysage jusqu’à Calais, avant de rebrousser chemin (par la plage, à marée basse) et de retrouver le confort de votre véhicule. ẞ

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