Detours en France Hors-série

LE LUBERON

LE GRAND TOUR DU

- PAR PHILIPPE BOURGET

SUR LES DEUX VERSANTS DU MASSIF PROVENÇAL, DES ROUTES SECONDAIRE­S SILLONNENT DES VILLAGES AUX MAISONS TASSÉES, LONGENT DES VIGNOBLES ÉCRASÉS DE SOLEIL, SUIVENT DES RIVIÈRES FRAÎCHES, TRAVERSENT DES VILLES AUX PLACES OMBRAGÉES DE PLATANES… LE LUBERON EST UN PUR BONHEUR.

Rendez-vous à Cavaillon ( Vaucluse) pour le départ de notre itinéraire. En France, la ville est définitive­ment connue pour son melon, depuis qu’alexandre Dumas avait obtenu une rente annuelle de douze cucurbitac­ées, en échange de livres donnés à la bibliothèq­ue de la ville… Cavaillon mérite plus que cette anecdote. La cité tente de redorer son blason en réhabilita­nt son centre ancien. Ainsi du cours Gambetta, porte d’accès au noyau urbain, où l’on visitera avec intérêt la cathédrale Saint-véran et la synagogue, vestige de la présence d’une communauté juive.

DE CAVAILLON À LOURMARIN

Il est l’heure de prendre le large. Bien calés dans votre véhicule, vous voilà roulant sur la D973, direction Pertuis (distant de 50 km). Le paysage est simple : à droite, les champs arboricole­s de la plaine de la Durance ; à gauche, les reliefs calcaires bousculés des premières pentes du Luberon. Des panneaux fermiers vous invitent à l’arrêt, histoire d’acheter quelques fruits. Vous pourrez en prendre chez Éliane Joumond (Les Jardins de Gaïa, à Cheval- Blanc). Avant Mérindol, la route, rectiligne (profitez- en, cela ne durera pas !) passe devant les gorges de Régalon (sur la gauche, parking gratuit à l’entrée). Même si vous décidez de ne pas les parcourir en totalité, quelques mètres à pied dans ce corridor sec (attention aux crues en cas d’orage) offrent le plaisir d’une pause fraîcheur en été et la surprise de découvrir la complexité d’un massif plus tourmenté qu’il n’y paraît. Commence alors le défilé des villages provençaux. Mérindol est le premier, maisons groupées en pied de versant, souvenir vaudois en bandoulièr­e (des protestant­s y trouvèrent refuge aux xve et xvie siècles). Puis c’est Lauris, splendide village-belvédère en rebord de falaise (il reste des maisons troglodyti­ques). Enfin Cadenet, gros bourg tassé au pied d’une ruine médiévale. Juste après, vous n’éviterez pas la courte escapade (à 5 km) à Lourmarin, peut- être le seul village un peu people du sud du Luberon. Normal, l’harmonie de son habitat ramassé autour du clocher central est parfaite et c’est ici qu’est enterré Albert Camus, qui possédait une résidence.

VERS LE PAYS DE GIONO

Du temps ? Nous vous recommando­ns de quitter la plaine de la Durance et de rejoindre Pertuis, en divaguant le long de la formidable petite D56. Via Vaugines, Cucuron (oui, oui, Cucuron…) et Ansouis (visitez le château, il a appartenu à la même famille du xiie siècle aux années 2000),

voilà, sur 20 kilomètres, le Luberon et la Provence sous leur meilleur profil. À travers les vitres, vous apercevrez les champs de vignes, les mas en pierres isolés dont la terrasse, toujours exposée au sud, est ombragée de platanes. En levant les yeux, vous distinguer­ez la croupe verdoyante et plutôt altière du Mourre Nègre (1 125 m), point culminant du massif. Par La Tour- d’aigues, Grambois et La Bastide- des-jourdans, trois villages viticoles, ou bien par La Motte- d’aigues et Peypin- d’aigues, villages encore plus tranquille­s au pied du massif, nous vous invitons à rejoindre Manosque, située à 35 kilomètres de Pertuis. La ville marque la limite est du parc régional du Luberon. C’est la patrie de Giono et la terre d’élection d’une célèbre marque de cosmétique­s provençale, l’occitane (boutique d’usine pour acheter des produits). Il n’existe pas d’aire de service pour camping-cars à Manosque, aussi vous faudrat-il viser une place de parking publique. Toute ronde et protégée de portes médiévales, la vieille ville, très provençale, donne envie de musarder. Allez-y le samedi matin, jour de grand marché.

AU NORD DU MASSIF

Après avoir repris le véhicule, il faut filer plein ouest, dans le coeur emblématiq­ue du Luberon, c’est-à-dire son versant nord. La route de Manosque à Apt est des plus agréables. Contrainte et forcée, la D907 se tortille durant 15 kilomètres jusqu’à la D900, franchissa­nt à travers l’épaisse garrigue le « haut » col de Montfuron (650 m). À l’intersecti­on des deux routes, vous pourrez poursuivre tout droit jusqu’à Reillanne (à 3 km). Ce gros village surélevé a été investi par de jeunes néo-ruraux, dont la riche activité associativ­e côtoie une vieille tradition agricole. Prenez un verre au Café du Cours, qui se transforme à l’occasion en café-spectacle. Sur la route d’apt, les motifs d’arrêt ou de diversion ne manquent pas. Vous pourrez grimper au village de Montjustin, splendide d’isolement au-dessus de la vallée (par la petite D214, prudence) ; pousser jusqu’à Viens, au nord, perchoir moyenâgeux bizarremen­t laissé de côté par les touristes ; plonger dans les gorges d’oppedette (à pied) ; effectuer une courte halte du côté de Céreste, pour voir l’ancien prieuré de Carluc ; vous garer près de Rustrel sur le

parking (payant), pour marcher une ou deux heures dans le Colorado provençal, au coeur d’anciennes carrières d’ocre. Bref, le patrimoine et la nature sont ici au firmament. Apt, petite « capitale » du Luberon n’est pas en reste. Deux aires de camping-car, route de Rustrel et sur la base de loisirs de la Riaille (à 3 km), vous permettron­t de profiter en toute liberté de cette cité épicurienn­e, réputée pour sa vieille ville, sa cathédrale et son exceptionn­el marché du samedi matin.

RETOUR À CAVAILLON

Reste la cerise sur le gâteau, on veut dire les 37 kilomètres qui séparent Apt de Cavaillon, par la D900. Doit-on vous présenter les villages qui bordent cette fin d’itinéraire ? Roussillon, Gordes, Ménerbes, Oppède, Bonnieux : ils surgiront devant votre pare-brise, au détour d’une courbe, remarquabl­es villages-éperons. De quoi clore en beauté un circuit dans l’un des plus beaux territoire­s de France. ẞ

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