Alain Lise, agent de surveillance depuis peu à La retraite, il rêve toujours de sa galerie : « elle me manque, madame ! »
Ils sont un millier à veiller au bon accueil du public
Il ne veut pas qu’on l’appelle par son nom de famille mais par son prénom, ou mieux, son surnom : « Monsieur Apollon ». La raison ? Pendant dix-sept ans – « … Et six mois », précise-t-il volontiers – sur vingt-sept de maison, Alain est venu tous les jours surveiller la galerie d’apollon. Soixante mètres de long, 41 peintures, 118 sculptures et 28 tapisseries, les gemmes de Louis XIV et les diamants de la couronne : voilà le fief d’alain, son « bébé » comme il l’appelle. Ne l’appelez pas gardien – « Gardien, c’est dans les prisons », s’insurge-t-il –, mais agent de surveillance, une dénomination plus pertinente depuis le vol de l’épée de Charles X dans cette même galerie en 1976 ! Ils sont un millier d’agents à se partager la double mission de veiller au bon accueil du public et à la sécurité des oeuvres et du palais. Certains, comme Alain, sont affectés à un district qui peut regrouper plusieurs salles.
« Toute la vie est ici… »
« Ma première fois dans la galerie a été un gros déclic. » Alain n’est guère sensible aux bijoux contenus dans les vitrines, c’est l’écrin qui lui importe : « Regardez ce décor ! Toute la vie est ici : les quatre éléments, la course du soleil, les neuf muses, les signes du zodiaque. » Au cours de leur carrière, les agents acquièrent une très bonne connaissance des oeuvres qu’ils protègent. Dans le cas d’alain, on frôle l’érudition : « J’ai collecté plus de 3 000 pages sur la galerie et son décor. » Pas question de lui parler du château de Versailles et de la galerie des Glaces, dont celle d’apollon serait l’ébauche : « Je n’y suis jamais allé et je n’ai pas envie. » Un peu chauvin, Alain ! Depuis peu à la retraite, Alain rêve toujours de sa galerie : « Elle me manque, madame ! » Alors il est bien possible que vous le croisiez au détour d’une vitrine, sous l’impressionnant décor imaginé par Charles Le Brun.