Detours en France Hors-série

le double visage du louvre

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ous voilà au pied du mur. Pas n’importe lequel : la tour de la Taillerie, une des quatre tours défensives du château de Philippe Auguste qui subsiste en partie. Il fut construit en 1190 pour protéger Paris d’une éventuelle attaque anglaise. Il n’en reste que les vestiges, tout comme l’ancienne porte orientale de l’enceinte et la pile qui soutenait le pont-levis. Exhumée lors des grands travaux menés dans les années 1980, cette enceinte défensive impression­ne : « Imaginez que le donjon faisait 30 mètres de haut, précise Sophie Picot, documental­iste à la direction de la Recherche et des Collection­s du Louvre. Sa base, mise à jour par les archéologu­es, fait à elle seule 15 mètres de diamètre. » Sophie est chargée aujourd’hui de nous faire découvrir, au fil des salles, les grandes phases de l’histoire du Louvre-palais.

Le Louvre est un millefeuil­le

Le sujet est vaste et nous allons beaucoup marcher. Car les rois de France n’ont cessé de nourrir pour le Louvre les plus grandes ambitions, chacun voulant apporter sa pierre à l’édifice, sans pour autant détruire l’oeuvre de ses prédécesse­urs. Jusqu’à la République, qui

s’est illustrée avec la pyramide de Pei et, plus récemment, le voile de verre et de métal qui recouvre le départemen­t des Arts de l’islam dans la cour Visconti. « Le Louvre est un millefeuil­le » : Néguine Mathieux, chef de service à l’histoire du Louvre, résume parfaiteme­nt le profil complexe de cette résidence royale, devenue le plus grand musée du monde. Revenons-en aux débuts et au château de Philippe Auguste. Nous sommes à l‘entresol de l’aile Sully, sous la cour Carrée. « Le parcours médiéval est très emprunté par les visiteurs, car il mène à la crypte du sphinx », souligne Sophie. Le Paris du Moyen Âge à deux pas de l’égypte ancienne : le Louvre a l’habitude de ces raccourcis saisissant­s ! Ce parcours est aussi l’occasion d’évoquer le Louvre de Charles V, une des plus belles résidences de l’europe du XIVE siècle. Le logis principal comportait l’escalier dit « de la Grande Vis » :

côté, une vaste cheminée, dite « du tribunal » car on disposait autrefois le trône royal devant elle. « Cette salle résume bien les différente­s facettes du Louvre : avant d’abriter, dès le XVIIE siècle, les premières collection­s d’antiques, puis de devenir salle-musée sous Napoléon, elle fut lieu de fêtes et de représenta­tion du pouvoir royal. » Sophie évoque les réceptions des académies royales dont celle de peinture et de sculpture, créée à l’initiative du peintre Charles Le Brun. C’est aussi dans la salle des Caryatides que le corps d’henri IV fut exposé pendant dix-huit jours après son assassinat. Seul souverain mort au Louvre, Henri IV avait de grandes ambitions pour le palais : son « Grand Dessein » prévoyait de le relier aux Tuileries, et de fermer la cour Car- rée. Il ne réussit qu’à faciliter le passage entre les deux palais, en faisant construire sur 500 mètres, le long de la Seine, la Grande Galerie. Ses descendant­s ont voulu achever son rêve. C’est finalement Napoléon III qui y parviendra en 1857 avec l’aménagemen­t des ailes Richelieu et Denon autour de l’actuelle cour Napoléon : les architecte­s Visconti et Lefuel en sont les auteurs, aidés par les travaux du baron Haussmann dans le quartier.

on se croirait à versailles !

Quant à la cour Carrée, elle doit l’essentiel de ses travaux à Louis XIV qui fit construire la célèbre colonnade. « Au début de son règne, les ambitions de Louis XIV pour le Louvre étaient aussi grandes que celles de son aïeul. » Sophie nous emmène maintenant à la galerie d’apollon, située à l’étage supérieur de la Petite Galerie, qui relie la cour Carrée et la Grande Galerie. Le jeune souverain en confia la réalisatio­n extérieure à Louis Le Vau et la décoration intérieure à Le Brun. Des ors, des stucs, des lambris, des tapisserie­s, plus de 40 peintures et 118 sculptures : on se croirait à Versailles ! Le Louvre classique est-il une

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