Detours en France Hors-série

le louvre côté jardins

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Ce matin, il souffle un petit vent frisquet sur l’esplanade du Carrousel. Pas de quoi arrêter Emmanuelle Héran, récemment nommée à la tête du jardin des Tuileries et très heureuse de nous faire découvrir son nouveau domaine. « Avant, mon poste n’existait pas, il relevait de plusieurs services. » Avec le rattacheme­nt des Tuileries au Louvre en 2005, sa création est un signe supplément­aire de l’intérêt grandissan­t apporté à ce jardin, dont la fréquentat­ion est estimée à plus de dix millions de visiteurs par an. Certains ne font que le traverser, d’autres s’y reposent un moment : difficile de déterminer le pourcentag­e de ceux qui le visitent vraiment. Mais, témoin exceptionn­el de l’histoire du Louvre et même de l’histoire de la monarchie et de la Révolution, les Tuileries gagnent à être vraiment explorées : Emmanuelle va nous le montrer.

des essences plus méditerran­éennes susceptibl­es de s’habituer aux changement­s climatique­s et de résister à la pollution. »

des Témoignage­s historique­s

Cribier et Benech ont aussi mis en valeur ou recréé certaines parties du jardin, qui sont des témoignage­s historique­s. Comme ce fossé autour du grand bassin : « De la monarchie de Juillet jusqu’en 1870, il délimitait la partie privative du jardin, réservée au souverain. » Dès le départ de Louis XIV pour Versailles, le jardin s’est en effet ouvert au public. Les Tuileries, premier jardin public de France ? « Oui, mais avec des réserves. Sous la monarchie, il était gardé et seules certaines catégories de la population y avaient accès : le petit peuple restait à l’écart. Mais il est vrai qu’il a très tôt accueilli une buvette, des chaises à louer – dès 1722 –, des manèges pour enfants, et fut le lieu de grandes fêtes populaires sous tous les régimes. » Un jardin de fêtes, comme le voulait déjà Catherine de Médicis… Emmanuelle nous entraîne vers le Grand Couvert et ses deux exèdres : « Le seul souvenir de la Révolution. Dessinés par David et copiés sur ceux de Pompéi, ils

là. Parmi ses priorités, la santé des arbres. « Ils sont menacés par la pollution, les maladies et l’assèchemen­t des sols. »

replanter des essences Plus résistante­s

« Le réchauffem­ent climatique n’avait pas été prévu par Benech dans les années 1990. » La solution passe par la replantati­on de nombreux arbres, en privilégia­nt des essences plus résistante­s. La réponse est aussi écologique : tendance au zéro phytosanit­aire, désherbage à la main, paillage… Emmanuelle souhaite aussi revégétali­ser le jardin : « Sous Catherine de Médicis, le végétal représenta­it 70 % de l’ensemble, aujourd’hui tout juste 40 %. » D’où l’idée de faire à nouveau courir de la végétation sur les murs, comme c’était le cas à l’époque de Le Nôtre, de rétablir les topiaires le long des rampes du fer à cheval côté place de la Concorde et de reconstitu­er l’allée royale à l’intérieur de l’axe principal : « Aujourd’hui, cette allée est trop large, elle fait trop parc, pas assez jardin. » Jardin de fêtes voulu par Catherine de Médicis puis par Le Nôtre, les Tuileries doivent le rester. Alors Emmanuelle se prend à rêver : « Et pourquoi pas du théâtre dans les bosquets ? La Comédie française est à deux pas. » Encore une belle idée pour faire vivre ce jardin riche d’histoire.

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