Detours en France Hors-série

le laboratoir­e des renaissanc­es

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e jour est à marquer d’une pierre blanche : nous avons rendez-vous avec « Aglaé ». Il est extrêmemen­t difficile d’avoir un rendez-vous avec « elle », son agenda est rempli de noms illustres : musée du Louvre, Rijksmuseu­m Amsterdam, chercheurs de tous pays… Car Aglaé est très sollicitée pour ses compétence­s, il est vrai, hors du commun.

enfoui sous une pelouse des Tuileries

Aglaé est un accélérate­ur de particules, le premier au monde à être entièremen­t dévolu au service du patrimoine. Installé au C2RMF, le Centre de recherche et de restaurati­on des musées de France, dans les locaux du Louvre en 1989, il est au service de nos 1 200 musées. Rencontrer Aglaé – autrement dit Accélérate­ur Grand Louvre d’analyses élémentair­es – est aussi l’occasion de découvrir le C2RMF : né en 1999 du rapprochem­ent entre le Laboratoir­e de recherche des musées de France, qui dès 1932 utilisa les rayons X pour étudier les peintures, et le Service de restaurati­on des musées de France, il est ce qu’on fait de plus pointu en matière d’investigat­ion scientifiq­ue au service des oeuvres d’art. Au pied du pavillon de Flore, le centre se

nature chimique, un échange riche en informatio­ns pour le chercheur. « Nous pouvons travailler sur des objets très fragiles », précise Marie Radepont, qui réalise une étude sur les cuirs dorés polychrome­s. « Et aussi sur des zones très réduites, de l’ordre de 20 μm, soit 2 centièmes de millimètre, grâce à un microfaisc­eau. » Incroyable pour nous, néophytes, quand on réalise qu’aglaé fait 25 mètres de long ! L’accélérate­ur va même subir un « lifting » pour être plus performant en 2017. Origines de la pièce, techniques de fabricatio­n, repères chronologi­ques, Aglaé peut être très bavarde. « Mais elle n’est pas la machine de la vérité absolue, souligne Marie. Il faut croiser ses informatio­ns avec d’autres techniques d’analyse. » N’empêche : il y a quelques années, Aglaé a pointé du faisceau une petite tête égyptienne en verre bleu, ve- dette de son départemen­t, que l’on croyait authentiqu­e depuis près d’un siècle. La présence de plomb et d’arsenic dans le verre a replacé sa fabricatio­n au XVIIIE siècle ! De même, le nombril et les yeux d’une statuette en albâtre de la déesse Ishtar de Babylone, qu’on croyait être de la simple verroterie, étaient en fait des rubis. Aglaé a même fait remonter leur origine jusqu’à une mine en Birmanie.

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