ROCHEFORT-EN-TERRE
L’année dernière, le patrimoine breton, parfaitement incarné par le petit village seigneurial de Rochefort-en-terre dans le Morbihan, a eu la préférence des Français. Les fortifications de Montreuil dans le Nord-pas-de-calais et les sept sanctuaires de Rocamadour dans le Lot ont également été distingués. Retour sur ces trois villages aux identités fortes. Dans le Morbihan intérieur, à mi-chemin de Redon et de Vannes, la « Petite Cité de caractère » mélange les époques passées et présente, pour unir harmonieusement patrimoine breton et influences artistiques étonnantes.
Place du Puits, au centre de Rochefort, les vénérables demeures des xvie et xviie siècles aux façades austères sont égayées par la profusion des décorations florales.
CC’est entre bois et ravins que se découvre, posé sur un éperon schisteux, Rochefort-enTerre. Lorsqu’il flâne dans les rues du village, les échoppes d’artisans, les boutiques et les habitations qui ont gardé leur caractère médiéval enveloppent le visiteur de leur histoire. Comme souvent, son destin est lié à celui de ses seigneurs. Ici, c’est l’alliance au xve siècle des Rochefort et des Rieux qui apporte d’abord à Rochefort-en-terre, idéalement situé sur la route du Sel, tranquillité et prospérité. Mais comme d’autres seigneurs de la région, les Rieux-rochefort s’opposent à l’annexion de la Bretagne par le royaume de France. Leur château est détruit, suite à leur défaite dans la bataille de Saint-aubin-du-cormier qui les oppose à Charles VIII, en 1488. Fort heureusement, Jean IV de Rieux-rochefort fut le tuteur d’anne de Bretagne. Celle qui entre-temps est devenue reine de France octroie 100 000 écus d’or pour la reconstruction de l’édifice. Une aubaine
qui permet en outre à la cité de s’embellir de portes comme celle de l’étang et d’instiller du gothique dans son église romane. En contrebas du château, se tiennent encore d’élégantes demeures de notables du xvie et xviie siècles, percées de fenêtres Renaissance et dotées de tourelles d’angle à encorbellement. La très belle place du Puits est, quant à elle, bordée de maisons à colombages. À la place de l’actuel office de tourisme, se tenait le tribunal seigneurial. Les artisans et marchands, eux, logeaient plus modestement en bas du village, comme on peut le constater dans la rue du Vieux-bourg.
BRODERIE, ARDOISE, MÉTAL ET ART
Mais l’histoire locale ne s’arrête pas à l’épopée des Rieux-rochefort. Au début du xxe siècle, sous l’impulsion de l’américain Alfred Klots (1875-1939), le village va connaître un nouveau souffle. Tombé sous le charme de la cité, le peintre rachète les ruines du château et le transforme en luxueux manoir. Avec ses nombreux amis, il fait revivre le village. À sa mort, son fils reprend le flambeau et encourage les artistes et artisans d’art à s’installer à Rochefort-en-terre. Les boutiques se multiplient, proposant broderie d’art, créations ardoisières, métaux design… Aujourd’hui propriété communale, le château accueille chaque été des événements festifs. Son parc abrite un étonnant musée dédié aux arts de l’imaginaire : le Naïa Museum. On y voit de l’art cinétique, visionnaire, monumental mais aussi numérique et ludique. C’est cette empreinte artistique moderne alliée aux vieilles pierres qui donnent à Rochefort-en-terre son visage unique.
AUJOURD’HUI PROPRIÉTÉ COMMUNALE, LE CHÂTEAU ACCUEILLE CHAQUE ÉTÉ DES ÉVÉNEMENTS FESTIFS. SON PARC ABRITE UN ÉTONNANT MUSÉE DÉDIÉ AUX ARTS DE L’IMAGINAIRE, LE NAÏA MUSEUM.