LA GARDE-ADHÉMAR
UNE HALTE L À ! Au sud de Montélimar, ce village de la Drôme provençale est une vigie médiévale de charme posée au-dessus de la vallée du Rhône. Ancien fief de la famille Adhémar, il constitue l’une des premières étapes pour le touriste arrivé du nord qui
C’est l’entrée officieuse ou presque en Provence, lorsqu’on arrive de Lyon, à bord d’un TGV ou d’une voiture sur l’autoroute A7. Sur la gauche, on ne peut pas manquer La GardeAdhémar. Juché au bord d’un promontoire calcaire au-dessus de la vallée du Rhône, le premier village perché que l’on croise depuis Paris marque la limite entre les rives « froides » du fleuve et celles plus ensoleillées de son parcours méditerranéen. « Bienvenue dans le Sud ! », semble signifier le bourg-belvédère aux visiteurs venus du nord. Autant dire que l’envie de quitter le défilé rhodanien pour grimper au plus vite sur l’éperon est grande, comme la promesse d’une première gorgée de bière après une journée de canicule. Il n’y aura aucune déception. Opportunément bâti par la famille seigneuriale Adhémar pour surveiller l’ennemi venu de la plaine, La Garde-adhémar a conservé, de ce passé de place défensive, sa structure médiévale et ses remparts du xiiie siècle, ainsi que les vestiges plus récents de son château du xvie siècle et d’anciennes demeures. Le tout, sur fond de panoramas grand angle sur la vallée et les monts du Vivarais.
LA CHAPELLE DES PÉNITENTS
En pratique, le visiteur circule à pied dans des ruelles bordées de maisons remaniées aux pierres calcaires blanchies. Il apprend sans surprise que ces demeures, autrefois paysannes, abritaient une unique pièce de vie, accessible par un escalier extérieur. Au rez-de-chaussée, elles réservaient caves et abris pour le petit bétail. Le promeneur s’attarde à l’église Saint-michel, bel exemple d’art roman du xiie siècle avec sa double abside, survivance du modèle carolingien. Il passe devant la porte d’amont, rescapée de l’enceinte fortifiée qui protégeait le bourg au nord. Il découvre la chapelle des Pénitents, aménagée en 1630 par la confrérie éponyme dans des maisons de particuliers. Devenu lieu d’expositions, l’espace recèle une fresque qui montre deux pénitents
agenouillés et portant cagoule. Il stoppe devant deux bâtisses remarquables, une maison à arcades regroupant deux tours romanes et une belle loggia en brique, ainsi qu’un bâtiment du xvie siècle à tour d’angle décorée de fenêtres et d’une porte à bossage Renaissance. Il se souvient que le château, détruit à la Révolution, mais dont il subsiste une tour, fut la demeure de Pauline de Grignan, petitefille de Mme de Sévigné. Il s’arrête, enfin, place Perriod pour profiter à l’ombre des acacias d’un déjeuner à L’absinthe, classé « Bistrot de pays ». L’occasion de rappeler que La Garde-adhémar est au coeur du vignoble de la vallée du Rhône et de l’appellation Grignan-les-adhémar. Ravioles et truffes du Tricastin (en saison) sont également au menu du touriste affamé par ses déambulations.
UN VILLAGE REVITALISÉ
Il n’est pas étonnant que la commune soit ainsi devenue un carrefour touristique majeur. Elle accueille artisans et artistes, qui proposent stages et ateliers. Il est loin le temps de l’exode rural, lorsqu’au tournant des années 1950 La Garde-adhémar ne comptait que 500 habitants. Aujourd’hui, c’est plus du double : le tourisme, les sports nature (VTT, cheval, randonnées...) et l’activité industrielle de la plaine l’ont revitalisé.
UN ÎLOT GALLO-ROMAIN
Un mot encore. Il faut absolument se rendre au Val des Nymphes. À 2 km du village, cet îlot de fraîcheur composé de sources, de prairies et de vergers, a attiré les hommes depuis l’antiquité. Un culte gallo-romain dédié aux déesses nymphes y aurait été pratiqué (un autel votif retrouvé sur place est exposé dans l’église). Du Haut Moyen Âge jusqu’au xiiie siècle, un important habitat et quatre édifices religieux occupaient le site (seuls restent l’ermitage et une chapelle, voir encadré). Il semble qu’au xiiie siècle, rassurée par la puissance grandissante des Adhémar, la population ait quitté le lieu pour s’installer dans l’enceinte fortifiée du village. Une belle histoire qui renforce l’intérêt de grimper dare-dare à La Garde-adhémar. ẞ