Detours en France Hors-série

PIRIAC-SUR-MER

UN CACHET INDÉNIABLE Terre ultime de la presqu’île de Guérande, cette « Petite Cité de caractère » affiche crânement son identité bretonne. On y vient pour ses ruelles fleuries, ses plages familiales, ses falaises et ses criques sauvages, doublées de larg

- TEXTE DE PHILIPPE BOURGET

Ne pas se fier aux apparences… Si Piriac distille une quiétude toute balnéaire, cela ne doit jamais faire oublier le caractère ultramarin du décor et les rugosités qui en découlent. C’est d’ailleurs écrit dans son nom. « Piriac » dériverait de la méfiance éprouvée par un chef breton. Waroch, lorsqu’il découvrit cette contrée au vie siècle, la baptisa « Pen Kiriak » (« pointe mauvaise ») en raison de la dangerosit­é de la mer. Oui, l’océan peut être mauvais. La balade par forts vents à la pointe du Castelli, cap avancé scalpé par la mer, en dit long sur la prudence que doivent observer les marins, surveillés comme le lait sur le feu par le sémaphore opportuném­ent placé là. Par temps clair, en revanche, ce n’est que du bonheur ! Depuis cette éminence ultime de la presqu’île de Guérande, on aperçoit l’île Dumet (voir encadré), Houat, Hoëdic et la pointe du Croisic mais également, par météo très dégagée, Belle-île et la presqu’île de Quiberon.

10 KILOMÈTRES DE CÔTE SAUVAGE

Cette mer que les marcheurs longent au sud jusqu’aux faubourgs de La Turballe, au nord jusqu’à la pointe de la Croix – une balade magnifique de 10 kilomètres, alternant criques, plages et falaises – rappelle également le dur temps de la pêche. Du xviie et jusqu’au milieu du xixe siècle, c’est la principale activité de Piriac : pêches aux harengs ou à la sardine, campagnes de terre-neuvas… Les Piriacais s’échinent en mer tandis qu’à terre, les conserveri­es tournent à plein régime. Les dernières fermeront dans les années 1970 : c’est ainsi que l’ancienne sardi-

nerie de Lérat a été transformé­e en logements. Du fait de sa situation en vigie, Piriac fut longtemps, aussi, un site défensif. Proche de l’embouchure de la Vilaine, on y surveillai­t l’ennemi anglais. Comme le prouvent tous les corps de garde égrenés le long de la côte, tels ceux du Bourg et de Kervagarec. C’est au tournant des années 1850 que la vocation de Piriac s’inverse au profit d’activités plus paisibles. La mode est aux villégiatu­res balnéaires. Depuis Nantes ou Paris, on vient s’y prélasser. En quête de sensations qui nourriront leur inspiratio­n, Châteaubri­ant d’abord, puis Flaubert, Zola (voir encadré) et Daudet s’aventurent sur la presqu’île. Ce n’est pas autre chose que recherchen­t les touristes du xxie siècle. Incontesta­blement, le village, 2 200 âmes, a des atouts : des ruelles charmantes et sinueuses bordées de maisons en granit, où s’accrochent roses trémières et hortensias ; un port de plaisance actif ; une place de marché dotée d’une halle cou- verte ; une artère commerçant­e et animée, la rue de Keroman… Pas étonnant que Piriac-sur-mer ait été élu « Petite Cité de caractère », en 2002.

UNE NOUVELLE BASE NAUTIQUE EN 2018

Les curieux s’égailleron­t dans la campagne alentour pour trouver la trace des vignes perdues dans les ronces, vestiges d’une culture terrassée par le phylloxéra. Ou bien ils partiront à la recherche de mégalithes, témoins d’une occupation antique. Au hameau de Méliniac, ils humeront un parfum paysan, autour de vieux corps de fermes rénovés. Ils apprendron­t l’histoire du village et de la pêche à la Maison du patrimoine. Les adeptes du farniente profiteron­t des plages : SaintMiche­l, au coeur du bourg, la plus familiale, Portau-loup, Lérat, Pors-er-ster, Brambell... Les plus sportifs gagneront les criques sauvages, ou même les grottes (du Chat, le Trou-du-moine fou…) par les sentiers côtiers. Ils pêcheront à pied les coquillage­s affleurant sur l’estran, s’exerceront aux régates depuis l’école de voile – une nouvelle base nautique est attendue en 2018 -, nageront jusqu’à l’île Dumet lors de la traditionn­elle course estivale… Piriac-sur-mer, à mi-chemin entre séjours badins ou vacances musclées. ẞ

SE RENSEIGNER

Loire-atlantique tourisme https://tourisme-loireatlan­tique.com

Office de tourisme de Piriac

7, rue des Cap-horniers. 44420 Piriac-sur-mer. 02 40 23 02 42. www.piriac.net

EN QUÊTE DE SENSATIONS QUI NOURRIRONT LEUR INSPIRATIO­N, CHATEAUBRI­ANT D’ABORD, PUIS FLAUBERT, ZOLA ET DAUDET S’AVENTURENT SUR LA PRESQU’ÎLE.

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 ??  ?? Le sémaphore de la pointe du Castelli a été inauguré en 1987. Sa silhouette évoquant la créature mythologiq­ue lui vaut d’être surnommé le «Sphinx de Piriac ».
Le sémaphore de la pointe du Castelli a été inauguré en 1987. Sa silhouette évoquant la créature mythologiq­ue lui vaut d’être surnommé le «Sphinx de Piriac ».
 ??  ?? Nul besoin de fouler le sable de la plage. Le petit Piriac propose de belles promenades iodées le long de ses ruelles pavées.
Nul besoin de fouler le sable de la plage. Le petit Piriac propose de belles promenades iodées le long de ses ruelles pavées.
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La cité a définitive­ment tourné la page de son passé de site défensif. C’est aujourd’hui un lieu de villégiatu­re balnéaire, où les plaisancie­rs et les pêcheurs à pied ont remplacé les militaires.

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