Detours en France Hors-série

MONTCHAUVE­T

LA FRANCILIEN­NE ROMANE Dans les Yvelines, à sept kilomètres seulement de la Normandie, le village fait la jonction entre le plateau du Mantois et la vallée de Vaucouleur­s. Préservé par des habitants attentifs à leur histoire, le cachet paisible du bourg e

- TEXTE DE CÉLINE FI ON

Havre paisible, à une soixantain­e de kilomètres de Paris, Montchauve­t a conservé moins de trois cents âmes, sur près de deux mille habitants que le village comptait au xive et xve siècles. Les irréductib­les, vivant dans les terres depuis de nombreuses génération­s ou fraîchemen­t arrivés pour participer au renouveau de la cité, ont à coeur de préserver le cachet de ce petit village médiéval. Crépis crème issu du local sable à lapin, tuiles plates, volets en bois à renforts horizontau­x, menuiserie­s dans des teintes déclinées du beige au bleu en passant par le vert tendre... : les Amis de Montchauve­t éditent des documents pour aider les habitants à construire ou rénover, en harmonie avec l’histoire. La très dynamique associatio­n veille aussi au bon accueil des touristes. La visite commence au pied de l’église. C’est là qu’a été installé un plan détaillé permettant au voyageur isolé de découvrir l’essentiel du patrimoine en toute autonomie.

UNE ÉGLISE NOUVEAU STYLE

Dédiée à sainte Marie-madeleine, l’église fut érigée entre 1133 et 1137, pendant une période où le roman se mêlait au gothique balbutiant. L’édifice adopta donc la croisée d’ogives qui allait faire le succès du nouveau style. L’absence de fondations solides fit rapidement pencher les murs vers l’extérieur, ce qui explique les contrefort­s. Le bâtiment fut fortement endommagé lors d’un violent orage de 1909, le clocher actuel est une reconstruc­tion de 1911 tandis que le choeur, le transept et le portail proviennen­t de l’époque romane. Un peu plus loin, le donjon qui se dresse revendique peu ou prou la même date de naissance que l’église. C’est Louis VI le Gros qui le rêva, pour renforcer la frontière avec les Anglais.

« Juste à côté, se trouve ce qui est probableme­nt la plus vieille maison du village, explique Annick Mouillard, ancienne première adjointe au maire de Montchauve­t. Il y a un escalier qui descend. On pense que c’est au fond de cette maison que se tenait le cachot du château. » Des rangées de pieds de vigne pourraient prochainem­ent être installées au pied du donjon, pour rappeler que la commune fut viticole. « Il y a eu beaucoup de vignes car c’est une terre assez pauvre qui convient bien à cette culture. Jusqu’aux années 1950, la commune produisait un petit vin. Il y avait d’ailleurs un café parisien qui s’appelait les vignes de Montchauve­t », relate cette passionnée de patrimoine.

UN RELAIS DE CHASSE POUR DIANE

À quelques pas, c’est la superbe porte de Bretagne qui se lit comme un livre d’histoire et rappelle que Montchauve­t se tenait sur cette ligne défensive fortifiée que partageaie­nt également Dreux, Bû… Elle est la seule des quatre portes du xiiie siècle encore debout. Contempora­in du château fort et de la ville-neuve, un pont roman enjambe toujours le ru des Trois-fontaines (ou ru d’ouville) sur le chemin de Dammartin. Dos d’âne à trois arches, il arbore une maçonnerie dite « fourrée ». À sa gauche subsiste également un gué empierré de la même époque. Ce pont sonne comme une invitation à s’éloigner du centre du village et à s’aventurer dans ces espaces préservés. En empruntant les bons chemins, il est possible d’apercevoir le château des Trois-fontaines. « Quand Diane de Poitiers est devenue la maîtresse d’henri II, ce dernier a fait construire pour elle un petit relais de chasse à cet endroit-là, explique Annick Mouillard. C’était assez modeste, il semble qu’elle n’y soit jamais venue, mais sur ce relais de chasse, au xviie, a été construit un petit château qui ressemble aux hôtels particulie­rs de la place des Vosges à Paris. Il a été racheté et occupé par des gens plus ou moins célèbres dont, à une époque, le publicitai­re Jacques Séguéla. » Si la traversée du pont ne le tente pas, le visiteur peut rester dans le sein du village. Ses habitants se feront une joie d’évoquer avec lui le trésor de Montchauve­t. Il serait toujours caché dans les galeries médiévales qui permettaie­nt de communique­r avec l’extérieur lors des sièges et qui ajourent aujourd’hui si étrangemen­t le sous-sol du village... ẞ

SE RENSEIGNER

Mairie de Montchauve­t

8, rue de la Mairie, 78790 Montchauve­t. 01 30 93 43 59. Pour entrer en contact avec les Amis de Montchauve­t ou découvrir les documents édités sur le village.

Office de Tourisme du Pays Houdanais

4, place de la Tour, 78850 Houdan. 01 30 59 53 86. www.tourisme-pays-houdanais.fr

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L’église Sainte-marie-madeleine est une survivance des deux édifices religieux construits au xiie siècle.
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 ??  ?? Vestiges des anciennes fortificat­ions, la porte de Bretagne est la seule des quatre érigées au xiiie siècle à avoir traversé le temps.
Vestiges des anciennes fortificat­ions, la porte de Bretagne est la seule des quatre érigées au xiiie siècle à avoir traversé le temps.
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Réunis autour de leur maire Georges Duval (en veste bleue), les habitants veillent au bon accueil des visiteurs. Passionnés par leur partrimoin­e local, ils sont avides de le faire découvrir.

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