KAYSERSBERG
UN GRAND CRU IMPÉRIAL Un patrimoine d’exception, un grand cru renommé et des tables étoilées... Pour ne pas succomber au charme si alsacien de Kaysersberg, il faudrait avoir perdu l’usage de ses sens ! Les visiteurs du monde entier viennent aujourd’hui dé
Jérôme Jaegle, 37 ans, a des étoiles plein la tête. Après avoir bourlingué à travers les grandes cuisines du monde, le chef a retrouvé en 2015 sa petite ville natale, pour y ouvrir son premier restaurant, L’alchémille. Quelques mois plus tard, il a déjà décroché un macaron au Michelin, rejoignant, dans le cercle des étoilés kaysersbergeois, Julien Binz et Olivier Nasti, le chef du Chambard. « Tous ces étoilés dans une aussi petite ville ? Je ne crois pas au hasard, sourit Jérôme Jaegle. La vallée de Kaysersberg est une vallée magique avec, d’un côté, les montagnes vosgiennes et, de l’autre, le vignoble. Comment ne pas être en osmose avec cette nature et ce terroir d’exception ? Mes sentiers d’école buissonnière se transforment aujourd’hui en terrain de cueillette. Une heure en forêt tous les matins me suffit à puiser l’énergie nécessaire pour trouver l’inspiration... » Sur la route des vins d’alsace, Kaysersberg, à une petite dizaine de kilomètres de Colmar, est une cité qu’on dirait tout droit sortie d’une miniature d’hansi. Imaginez : la cité se love le long d’une rivière ( la Weiss), l’ensemble étant couronné par les ruines d’un château médiéval (détruit durant la guerre de Trente Ans), et de vignes qui prennent une jolie teinte jaune et rouge à l’automne.
UN PASSÉ PRESTIGIEUX
« La première mention de Kaysersberg remonte à 1227, lorsque les Hohenstaufen y achètent un petit château sur un éperon, qu’ils transforment vite en une forteresse de garnison, rappelle Annette Braun, conservatrice du musée d’histoire. Objectif : garder la vallée de la Weiss, point de passage incontournable pour rejoindre la plaine du Rhin, des invasions du duc de Lorraine. » La cité, qui obtient en 1293 le titre de ville impériale, connaît une fulgurante prospérité grâce, surtout, au négoce du vin. Au pied du château (dont il reste le donjon circulaire et les remparts), il suffit d’emprunter la rue du Général-de-gaulle, envahie de restaurants, et d’artisans renommés
(verrerie, poterie, chocolaterie...), pour lire dans la pierre les témoignages de ce passé prestigieux. Sous vos yeux, voici tout d’abord l’hôtel de ville, typique de la Renaissance rhénane, avec son grès rose et son superbe oriel sculpté. À côté, l’église Sainte-croix, construite du xiiie au xvie siècles, impressionne avec son portail roman travaillé et, à l’intérieur, le retable gravé Renaissance, sur la Passion et la Résurrection du Christ. On remarque ensuite une série de belles demeures telle l’exceptionnelle Maison Loewert ( xvie-xviiie), à colombages et avec oriel d’angle. Plus loin, apparaît la carte postale de la ville : le vieux pont fortifié enjambant la Weiss depuis le xvie siècle, dont l’édicule central servait... de prison.
DES VINS PRÉCIEUX
Rue du Collège, on ne manquera pas de découvrir la Maison Volz (1618), dont la cour conserve un puits surmonté d’une mention en allemand : « Si tu te gorges d’eau à table, cela te glace l’estomac ! Bois modérément d’un vin subtil, je te le conseille, et laisse-moi mon eau! » La force et la renommée de Kaysersberg, c’est justement son écrin, ce coteau pentu du Schlossberg qui, le premier, obtint le titre de « Alsace grand cru » et donne les vins blancs les plus prestigieux : riesling, gewurztraminer et pinot gris. Des vins aériens, aux délicats arômes d’agrumes, qui font rejaillir la minéralité de ce terroir béni des dieux. ẞ
LA VALLÉE DE KAYSERBERG EST UNE VALLÉE MAGIQUE, AVEC, D’UN CÔTÉ,LES MONTAGNES VOSGIENNES ET, DE L’AUTRE, LE VIGNOBLE. COMMENT NE PAS ÊTRE EN OSMOSE AVEC CETTE NATURE ET CE TERROIR D’EXCEPTION ?