Detours en France Hors-série

LES HEURES ET LES JOURS

AFFREUX, SALES ET MALADES ?

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Le Moyen Âge passe pour une époque crasseuse. Pourtant on s’y baigne beaucoup, à la rivière dans les campagnes, aux étuves en ville ( on en compte vingt-six à Paris, fin xiie). Les plus fortunés ont leur salle de bains, ou au moins un cuveau de bois garni d’un drap. Offrir un bain, seul ou avec l’hôtesse, est un geste courant d’hospitalit­é. On se nettoie les mains avant de manger, les gencives après. En ville, l’hygiène publique qui laisse parfois à désirer, fait l’objet de nombreux aménagemen­ts autour du xiie siècle : des caniveaux drainent les eaux usées, on jette des cendres sur les fosses d’aisance, on éloigne les charognes et les porcs errants… L’eau reste le gros problème, les rivières servant d’égouts. LE CORPS ET SES « HUMEURS » L’hygiène corporelle, comme l’exercice physique, le jeûne et une bonne alimentati­on sont recommandé­s par les médecins pour « évacuer les superfluit­és ». La doctrine médicale, héritée d’hippocrate et Gallien grâce aux moines copistes, longtemps monopolisé­e par l’église, s’enseigne dans les facultés (celle de Paris ouvre en 1253). Elle se fonde sur la théorie des quatre éléments. Le corps étant un résumé de l’univers, ses « humeurs » leur correspond­ent – la bile jaune est feu, la bile noire terre, le flegme correspond à l’eau, et le sang à l’air – avec en prime quatre « qualités » : chaud ou froid, sec ou humide. La santé est un équilibre que le traitement doit rétablir. À maladie « froide et humide » remède « chaud et sec ». On extrait les mau- vaises humeurs à coups de saignées, ventouses et purges – voire d’expédients plus excentriqu­es, comme attacher un goret au lit d’un patient apathique… Moins savants mais pragmatiqu­es, les chirurgien­s-barbiers et les guérisseur­s-herbiers préparent leurs potions sur la foi des ressemblan­ces (la fleur en forme d’oeil soigne les orgelets), et se servent de leur expérience empirique. Ce sont d’ailleurs les chirurgien­s, choqués par la grande peste noire de 1348, emportant la moitié de la population européenne, qui vont braver les interdits et se mêler de dissection­s anatomique­s. Les docteurs patentés, eux, fuient les hôtels-dieu des évêques et les hospitales des monastères, laissant aux moines et moniales le soin de prier pour la guérison : le Christ est le seul médecin… |

Après Charles V, Vincennes sera une résidence des souverains. Désireux d’une place fortifiée pour Louis XIV, Mazarin commanda de nouveaux bâtiments à Louis Le Vau, futur architecte de Versailles. Ce dernier fait séparer la partie classique de la partie médiévale par une galerie. On y trouve les symétrique­s pavillons du Roi et de la Reine, et la tour du Bois, transformé­e en arc de triomphe. Mais Louis XIV préfère Versailles ; et Louis XVI envisage même de le raser. La forteresse devient alors une « annexe » de la prison de la Bastille, qui verra passer Diderot, Sade ou Mirabeau. Une fabrique de porcelaine­s s’y installe au xviiie siècle avant de servir sous Napoléon de caserne et de fabrique de canons. Le château abrite depuis la Seconde Guerre mondiale le service historique de la Défense.

UN PALAIS CLASSIQUE

Lorsque son père, Jean II le Bon, est fait prisonnier par les Anglais, entre 1356 et 1360, Charles (1338-1380), alors duc de Normandie, assume la régence du royaume. Guerre de Cent Ans, opposition des États de langue d’oïl, concurrenc­e de Charles le Mauvais, jacqueries, révolte des bourgeois à Paris… La situation est catastroph­ique. Sacré en 1364, celui que l’on surnommera Charles le Sage parvient à relever le royaume. Il reconquier­t la grande majorité des terres laissées aux Anglais, éradique les Grandes Compagnies qui vivent du pillage et de rançon. Il restaure les finances (création du franc). Sa politique de constructi­on – Vincennes, Louvre, Bastille, hôtel Saint-pol… – est au service du renforceme­nt de l’autorité du royaume. Décrit comme instruit et passionné par les arts, il se constitue une riche bibliothèq­ue royale, l’ancêtre de la Bibliothèq­ue nationale. Il meurt en 1380 en laissant à son fils Charles VI un royaume de France stable.

CH A R L E S V, RO I « S AG E »

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Homme sortant du bain, enluminure extraite de Faits et dits mémorables ( xve siècle), Valère Maxime.
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