LE PHARE DE CORDOUAN
LE VERSAILLES DES MERS
Planté au milieu des eaux de l’estuaire de la Gironde, ce phare, considéré comme un des plus majestueux au monde, a fêté en 2011 ses quatre siècles de mise en service.
TEXTE DE DOMINIQUE ROGER Planté dans l’océan Atlantique à l’entrée de l’estuaire de la Gironde, Cordouan intrigue et excite l’imaginaire depuis quatre siècles. Le phare fut élevé au début du xviie siècle sur un plateau rocheux à 7 kilomètres des côtes. Il fut restauré sous Louis XV, avant d’être surélevé en 1789 pour atteindre 68 mètres de hauteur. Il y avait bien eu, dès la fin du xive siècle, une tour dite du Prince noir, où un ermite, affirme-t-on, allumait un grand feu pour aider à la navigation dans les eaux dangereuses de l’estuaire, mais elle fut vite abandonnée et tomba en ruines.
PUISSANCE ET ÉLÉGANCE
Afin d’assurer la sécurité des bateaux toujours plus nombreux, le duc de Guyenne passe alors commande d’une nouvelle sentinelle. C’est l’architecte Louis de Foix – il a, entre autres, travaillé à la construction du palais de l’escurial, édifié un pont à Nantes et détourné les eaux de l’adour à Bayonne – qui s’en charge dès 1584. Mais il meurt en 1602 et n’aura alors pas l’occasion de voir son oeuvre achevée en 1611. Outre le fait d’être le doyen et un des plus hauts phares d’europe, le « phare des rois », qui a réussi à résister aux intempéries et aux guerres, est aussi incontestablement le plus raffiné. Certes, il a été conçu, sous Henri III, pour sa fonction utilitaire de balise maritime. Mais pas seulement : il est aussi un emblème de la monarchie française. Pour se rendre compte de la beauté de l’édifice Renaissance, vous pouvez embarquer, à marée basse, de Royan, de Verdon-sur-mer ou encore de Meschers-sur-gironde. Après une demi-heure de traversée, cette tour en pierre blanche de Saintonge se découvre, impressionnante de puissance et d’élégance avec ses colonnes doriques et ses pilastres corinthiens.
SOL DE MARBRE ET PARQUET DE CHÊNE
Après avoir débarqué et passé la poterne d’entrée, le bastion circulaire puis le portail sculpté, vous pénétrez dans un lieu à la délicatesse inattendue. En témoigne l’appartement du Roi, une résidence royale qui n’a cependant jamais abrité de têtes couronnées, avec son sol de marbre. Les lettres LMT entrelacées et sculptées au-dessus des arceaux sont un hommage à Louis XIV et Marie-thérèse d’autriche. À l’étage supérieur, on entre dans une chapelle ! La pièce, exemple unique dans l’histoire des phares, est éclairée de vitraux du xviie siècle et surmontée d’une coupole bleu azur et blanc. Au-dessus de l’autel trône Notre-dame-de-cordouan, une statue qui fait l’objet d’un pèlerinage en juillet. Plus haut encore, la chambre de quart est pourvue, elle, d’un très beau parquet de chêne. Après avoir gravi les 6 étages par un escalier à vis de quelque 300 marches, toujours plus étroit au fur et à mesure de la montée, vous atteignez le balcon de la lanterne. Celle-ci est équipée d’un système d’optique d’une portée de 40 kilomètres émettant trois battements en douze secondes. Des générations de gardiens ont eu tout le loisir d’admirer le panorama suspendu entre ciel et mer qui s’offre à la vue sur l’estuaire et les côtes. Le phare de Cordouan est automatisé depuis 2012. ∫
Office de tourisme : 1 boulevard de la Grandière, 17200 Royan. 05 46 08 17 50.www.royanatlantique.fr