LES ÉTANGS DE LA BRENNE
Hors- série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr L’INVENTION D’UN PAYSAGE
Ils sont mille, deux mille, trois mille… Peu importe ! Les étangs de la Brenne mêlent landes et brandes, prairies et bocages, forêts et buttons, façonnent une zone humide unique et une des plus importantes. Ce « laboratoire » grandeur nature de la biodiversité est complexe et fragile.
Pas hostile pour un sou, juste indifférente : la Brenne nous tolère sur son sol, nous invitant à la respecter. Ce territoire à part est l’exemple d’une collaboration fructueuse entre la nature et l’homme qui, à partir du xive siècle, a mis en eau son sol argilo-gréseux imperméable et aleviné les étangs pour se nourrir. Rien de hasardeux dans ce labyrinthe d’étangs mais un entretien soutenu, tant de ces hectares d’eau que des prairies, bois et friches riches en gibier. George Sand le surnommait « le pays des Mille Étangs ». La Bonne Dame de Nohant avait mal compté puisqu’ils sont plus de… 3 200 ! Mais l’expression est restée, plus poétique que le « Parc naturel régional de la Brenne » créé en 1989, qui surgit entre Châteauroux et Châtellerault à quelques kilomètres seulement de l’a20.
1 200 ESPÈCES VÉGÉTALES
Quittez le bitume et le bruit ! Entrez dans un sanctuaire palpitant de vie, des milliers d’hectares, où l’homme travaille à la préservation d’une faune et d’une flore remarquables dans un environnement singulier. On pénètre dans la Brenne par Mézières-en-brenne, au nord, ou par Le Blanc, au sud. On ne suit pas de routes balisées pour aborder cette région. Il faut y aller dans la brume du petit matin, ou en soirée, armé de temps et de jumelles performantes. Sachez vous arrêter et observer quelques-unes des 1 200 espèces végétales présentes dans le parc. Sauriez-vous identifier l’orchis de Brenne ou le glaïeul d’illyrie ?
IMPRÉGNEZ-VOUS DE CES PAYSAGES QUI DÉFILENT TELLE UNE MOSAÏQUE EN COMPOSITION : DES PRAIRIES, DES BOIS, DES LANDES ET, BIEN SÛR, DES ÉTANGS. DE TOUTES LES TAILLES…
LAÎCHES DE BOHÈME ET LIBELLULES Empruntez les routes étroites d’un territoire faussement plat. Le relief s’accentue
en effet quelquefois : ce sont les buttons, étranges éminences de terre rougeâtre résultant de l’érosion de grès de duretés variables, qui se hissent en douceur. Les bâtisseurs l’ont utilisé pour construire de belles maisons, notamment au hameau du Bouchet, à Rosnay. Imprégnez-vous de ces paysages qui défilent telle une mosaïque en composition : prairies, bois, landes et, bien sûr, étangs de toutes tailles, de toutes formes. Ces derniers sont généralement peu profonds, ne dépassant pas 10 hectares. Certains sont même secs ! Sous nos yeux, sur un des étangs Foucault, les oiseaux marchent sur le sol craquelé, digne d’un désert. Un paradoxe dans ce pays d’eau ! Qui a son explication, toutefois : les étangs sont mis en « assec » pour la vitalité de la pêche. D’octobre à mars, on tire les bondes pour faire baisser les eaux jusqu’à ce que les poissons se retrouvent piégés dans un vaste filet, dans la partie la plus basse. Cela s’appelle la « pêcherie ». Les eaux s’évacuent doucement et remplissent un autre étang qui était jusqu’alors vide : un cycle perpétuel qui respecte l’ordre de la nature en vases communicants. Rien n’est supprimé mais « 1 200 tonnes de poissons sont pêchées chaque année, dont 60 % de carpes. Et aussi des tanches, des gardons, des brochets. Tous partiront repeupler des rivières », rappelle un guide du Parc. Ces étangs en assec, le temps d’une année, sont généralement un lieu propice à certaines espèces d’oiseaux, les limicoles notamment, qui sondent la vase à l’aide de leur long bec pour capturer vers et autres invertébrés, et à une flore particulière, telle la laîche de Bohême. Aujourd’hui, « le pays des Mille Étangs » est un paradis pour les amoureux de la nature, les contemplatifs, botanistes (l’orchis pyramidal et l’orphrys mouche feront leur admiration), entomologistes qui trouveront des libellules rarissimes et ornithologues qui observeront les rassemblements de grandes aigrettes, le vol plané des guifettes moustac. Quelle que soit votre passion, à la faveur d’un coucher de soleil, laissez tout tomber pour suivre des yeux une formation d’oiseaux qui s’éloigne. ∫ Maison du Parc naturel régional de la Brenne Le Bouchet, 36300 Rosnay. 02 54 28 12 13. www. parc- naturel- brenne.fr