LE VIADUC DE MILLAU
Tutoyant le ciel aveyronnais, ce pont routier à haubans, le plus haut du monde, est l’un des plus beaux ouvrages d’art du début du xxie siècle. Construit en trois années à peine, le viaduc de Millau permet de relier Clermont-ferrand à Béziers par l’autoro
C’est en 1987 qu’est évoqué pour la première fois le projet de faire parcourir l’a75 entre le causse Rouge, au nord, et le Larzac, au sud. Toutefois, un obstacle de taille se dresse : la vallée du Tarn. En 1994, après des années d’études, la décision est prise : un pont, en aval de Millau, franchira cette vallée. Parmi les projets proposés, un ouvrage d’art haubané emporte le choix de l’état, pour son esthétique aérienne et gracieuse qui lui assure une belle intégration dans le paysage. Aux commandes, l’ingénieur Michel Virlogeux, déjà concepteur du pont de l’île de Ré et du pont de Normandie, ainsi que Norman Foster, architecte anglais connu pour la rénovation du palais du Reichstag à Berlin. Un projet à la pointe de la technologie, mariant béton et acier.
EN AVANCE SUR LES PRÉVISIONS
Les premières piles de béton, fondations du viaduc, sont posées au printemps 2002. Il y en aura sept au total, qui reposent sur la vallée. Puis, de chaque côté, les tronçons de tablier sont peu à peu « déroulés » sur chaque culée de pile, jusqu’à 270 mètres au-dessus de la vallée. La jonction entre les tronçons nord et sud des tabliers est effectuée, au millimètre près, en mai 2004. Le même mois a lieu l’installation des pylônes et la pose des 154 câbleshaubans qui assurent le maintien du tablier. Ne reste plus que l’enrobage, avant l’inauguration en grande pompe, en décembre 2004. Avec un mois d’avance sur les prévisions.
CONTRE VENTS ET SÉISMES Le viaduc de Millau donne l’illusion de survo
ler littéralement le Tarn. Les chiffres en disent long sur ce chantier record : 2 460 mètres de longueur pour un tablier large de 32 mètres ; 206 000 tonnes de béton ; un tablier pesant 36 000 tonnes et conçu pour résister à des vents de plus de 200 km/h et à un séisme de magnitude 5 sur l’échelle de Richter… Pour évaluer l’ampleur de l’ouvrage, il faut savoir que la tour Eiffel ne toucherait pas son sommet : en effet, tout en haut de la pile dénommée P2, coiffée de son pylône, la hauteur atteint 343 mètres ! Financé et réalisé par le groupe Eiffage, ce projet, auquel plusieurs centaines de personnes ont participé, a coûté 400 millions d’euros. Au plus fort des travaux, près de 600 compagnons travaillaient sur le chantier. Depuis son inauguration, des millions de véhicules ont emprunté le pont, dont l’évolution est surveillée minutieusement. Mais l’ouvrage s’apprécie encore mieux de loin. Un bon moyen de s’en rendre compte ? Depuis le village rupestre de Peyre, à trois kilomètres de là en aval, la vue est magique. Et le contraste tout à fait saisissant entre passé et modernité.