LAON
L’ÉMERGENCE DE NOTRE- DAME
Au sommet de sa colline, elle semble posée comme un diadème, à la fois aérienne et puissante. Notre-Dame de Laon, l’une des toutes premières cathédrales à se réclamer de l’ordre gothique, est aussi avec ses quatre tours échafaudées de minces colonnades l’une des plus singulières et inattendues.
Tout est beau à Laon », écrivait Victor Hugo à sa femme, s’extasiant sur la cathédrale et ses « quatre tours presque byzantines à jour comme des flèches du xvie siècle ». Dieu sait que l’édifice ne doit rien à la Renaissance : il compte parmi les toutes premières de nos cathédrales gothiques. Les érudits en débattaient au milieu du xixe siècle, tandis que Mérimée s’activait à faire classer et restaurer le monument au bord de la ruine. On s’accorde aujourd’hui sur un début de chantier en 1155 – en troisième position derrière Sens et Noyon – et une fin vers 1245. Mystifié lui aussi par les faisceaux superposés de colonnades des tours qui défient les vents au sommet de l’« acropole » picarde, le maître bâtisseur Villard de Honnecourt notait dans ses carnets au xiiie siècle : « Jamais en aucun lieu je ne vis tour pareille à celle de Laon. » La cathédrale affiche un surprenant exemple de style français, que les esthètes italiens qui forgèrent le mot gothique n’auraient sans doute pas trouvé si barbare…
UN CARACTÈRE GOTHIQUE NAISSANT
Pour comprendre l'originalité de la cathédrale, au-delà des réminiscences romanes, il faut songer à l’édifice carolingien qui l’a précédée. Laon était alors une cité considérable, berceau de saint Rémi et de Berthe au Grand Pied. L’église, nous dit le poète Alcuin vers l’an 800, avait été « renouvelée totalement, des murs aux toits, des peintures aux colonnes… », par l’évêque Gerfrid, richissime et dévoué à Charlemagne, lequel aimait que ses monuments aient un parfum de glorieuse romanité. Divers textes suggèrent de fines colonnades, deux tours et, à l’ouest, un de ces imposants massifs de façade à l’allemande, symbole du pouvoir temporel, que franchit une entrée assez sombre, dite crypte. C’est l’évêque Gaudry – avide, brutal et détesté – qui la mentionne dans son rapport sur le meurtre (qu’il a commandité) du châtelain royal. Il provoque, aussi en 1112, la révolte des Laonnois, l’incendie de la cathédrale et sa propre mort. Quarante ans plus tard, le nouvel édifice dessiné pour son successeur, Gautier de Mortagne, mêlera toutes ces composantes romanes aux caractères du gothique naissant, jusqu’à l’avancée marquée des portails, simulant ladite « crypte ». †
Office de tourisme du pays de Laon, Hôtel- Dieu, place du ParvisGautier- deMortagne, 02000 Laon. 03 23 20 28 62. www.tourismepaysdelaon.com