MONTPELLIER
LE FORT SACRÉ
Située dans l’Écusson, au coeur de la vieille ville, Saint-Pierre était à l’origine l’église d’un monastère bénédictin, avant d'être érigée en cathédrale lors du transfert du siège épiscopal, en 1536, à Montpellier. Longtemps surnommé le « fort Saint-Pierre », en raison de son aspect austère, ce monument gothique a douloureusement été endommagé durant les guerres de Religion.
En 1367, le pape Urbain V, qui avait étudié et enseigné à Montpellier, consacre l’église du monastère Saint-Benoît – où s’installera la faculté de médecine. L’abbatiale devient cathédrale, quand le siège épiscopal est transféré de Maguelone à Montpellier, en 1536. Mais les raisons du transfert ne sont pas seulement d’ordre pratique: l’Église doit affirmer sa puissance dans la cité. « Montpellier, à cette époque, est le foyer de propagation d’idées réformistes, rappelle Hélène Palouzié, de la DRAC Occitanie. Dès 1530, de nombreux médecins et magistrats se convertissent, ainsi qu’une partie de la population. » Dans le coeur de la vieille ville, la cathédrale Saint-Pierre surprend d’abord par son aspect sévère – qui a fait dire à Prosper Mérimée, en 1835 : « Il est impossible de rien voir de plus lourd et de moins gracieux ». Deux tours rondes de 4,50 mètres de diamètre servent d’appui à un monumental porche à baldaquin relié à la façade principale, encadrée par deux hautes tours carrées.
UN NOUVEAU CHOEUR EN 1775
Avec son chemin de ronde et ses mâchicoulis, on comprend pourquoi le sanctuaire a reçu le surnom de « fort Saint-Pierre ». En 1561, la cathédrale-forteresse servira d’ailleurs de lieu de repli aux catholiques assiégés par les protestants. Six ans plus tard, le monument subit clairement les assauts huguenots. Une tour s’effondre, emportant la totalité de la façade sud, le porche et les deux premières travées de la nef. Après la prise de la ville par les troupes de Louis XIII, en 1622, la construction d’un nouvel édifice est envisagée puis abandonnée : Richelieu choisit la restauration, moins coûteuse. La cathédrale est dotée d’un nouveau choeur en 1775, et agrandie en 1855 par Henry Révoil, un disciple de Viollet-le-Duc. Si l’imposant baldaquin lui confère une image austère, l'impression s’estompe dès que l'on entre dans à l’église, ample vaisseau élancé, lumineux et léger. Caractéristique du gothique méridional, Saint-Pierre présente un plan à nef unique composée de cinq travées voûtées d’ogives, ouvrant sur dix chapelles latérales. Elle recèle de très beaux tableaux, dont La Chute de Simon le Magicien. Réalisée vers 1658 à la demande de l’évêque, cette monumentale oeuvre de l'artiste calviniste Sébastien Bourdon, natif de Montpellier, illustre une scène rarement représentée en peinture, la résistance de saint Pierre à la corruption spirituelle que lui avait proposée Simon le Magicien.