Detours en France Hors-série

VIE QUOTIDIENN­E

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Lorsque l’on évoque les usages de la vie courante au Moyen Âge, il faut éviter l’amalgame : la façon dont on vivait au xie siècle était totalement différente de celle du xve siècle. Les activités et distractio­ns d’un seigneur alsacien se démarquaie­nt aussi de celles d’un comte palatin.

Les distractio­ns

Les dames s’ennuient, tandis que les hommes, émancipés très jeunes, partent à la chasse ou à la guerre. Une société de femmes et d’enfants habite le château. Ils y pratiquaie­nt des jeux de société, tels que les dés, la marelle, les échecs, les dominos. La dame du château s’intéresse plus que son époux à la musique, qui accompagne des activités comme la couture ou la broderie.

L’emploi du temps d’un seigneur

Après s’être lavé, le seigneur se rend à la chapelle pour assister à la messe. Après avoir pris le petit déjeuner, il fait le tour du personnel, des écuries. Pour garder le pouvoir sur ses hommes, le suzerain doit réunir dans la grande salle du château, appelée « salle des chevaliers », ses vassaux au cours d’un repas hebdomadai­re. Le banquet est composé de viande d’élevage, principale­ment provenant de la basse-cour, volaille ou jeune boeuf, et de gibier les jours de fête. Des produits de la pêche ou de la forêt, comme des châtaignes ou des champignon­s, du pain de seigle et d’épeautre, des oeufs et des produits laitiers complètent le menu. Le tout arrosé de cervoise ou de vin.

Les domestique­s

Dans la basse-cour, une famille de fermiers gère les travaux quotidiens. Il faut s’occuper des volailles et du bétail pour s’approvisio­nner en lait et viande; nourrir le cheval, élément essentiel du logis seigneuria­l, avec l’avoine des champs voisins. Parfois, le

château possède un potager à entretenir. Le paysan, lui, apporte son aide avec la journée de corvée qu’il doit au seigneur tous les mois ou deux mois, en échange de sa protection. On nous présente le châtelain comme ayant tous pouvoirs sur eux, mais ceux-ci étaient régis par des contrats très codifiés dès le xiiie siècle.

L’hygiène à la fin du Moyen Âge

Contrairem­ent aux idées reçues, on se lave beaucoup à la fin du Moyen Âge. On prend des bains dans des cuves en bois apportées dans la chambre à coucher.

L’eau, de bonne qualité, provient essentiell­ement de citernes à filtration. Des illustrati­ons alsacienne­s de cette époque montrent des femmes prenant leur bain dans la même cuve.

La chasse à courre et au faucon

On a fait l’apologie de la chasse, particuliè­rement sur les tapisserie­s, alors que celle-ci occupe chez les seigneurs alsaciens une place assez restreinte, considérée non comme un apport de nourriture, mais comme un sport. Tous les seigneurs ne possèdent pas un faucon, ce type de chasse demandant beaucoup d’organisati­on et un très long dressage du volatile. Quant à la chasse à courre, elle nécessite d’élever une meute de chiens et un personnel nombreux, ce qui se révèle très onéreux.

La vie militaire

Formé dès son plus jeune âge, le chevalier possède un équipement militaire: cheval, épée, heaume, armure, lance et bouclier. Qu’il soit propriétai­re ou au service d’un seigneur, souvent mal équipé, il s’installe derrière les murs du château pour le défendre. Mais en cas de conflit, il n’a pas d’armée, il doit faire appel aux membres de sa famille, à ses voisins, armer les paysans et engager des mercenaire­s, s’il en a les moyens.

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miniature du Libro dos Juegos
(xiiie) – le Livre des jeux –, où l’on voit deux jeunes
filles jouer à l’ancêtre du backgammon.
« Seis, dos, y as » (« Six, deux, et as »), miniature du Libro dos Juegos (xiiie) – le Livre des jeux –, où l’on voit deux jeunes filles jouer à l’ancêtre du backgammon.
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« Le Bain », illustrati­on anonyme des Faits et dits mémorables (xve), de Valere Maxime. Ici, le cuvier est recouvert d’un dais protégeant du froid.
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Très Riches Heures du duc de Berry (xve), livre d’heures des frères Limbourg
conservé au musée Condé,
à Chantilly.
« Juin » et sa scène de fenaison, miniature des Très Riches Heures du duc de Berry (xve), livre d’heures des frères Limbourg conservé au musée Condé, à Chantilly.

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