JEAN-PIERRE LE GOFF, LE REPRENEUR D’HENRIOT
Il sait que les journalistes aiment l’endroit alors, et comme il s’y prend bien avec eux, ils le suivent volontiers au dernier étage. Dans le grenier de l’atelier Henriot, invraisemblable bric-à-brac d’objets, 10 000 moules et modèles sont entreposés sur des étagères en bois, dans une odeur de poussière, d’argile et de plâtre. La mémoire de l’entreprise Henriot, à Quimper depuis 1690 ! Ce temple vivant de la faïencerie a été sauvé d’une liquidation certaine il y a cinq ans par Jean-pierre Le Goff, chef d’entreprise cordial spécialisé dans le… naval. « Mon fils m’a poussé à déposer un dossier au dernier moment. C’était la seule offre, je l’ai emporté. Je me suis jeté à l’eau car l’histoire de cette entreprise mythique était à réécrire », raconte le Breton, originaire du Pays bigouden. Depuis, il a fait revenir des artistes et des décorateurs (Yann Kersalé a entrepris une collaboration) et réédité des pièces pour relancer la marque. « Henriot est le symbole du Breton, de la famille et de l’enfance. C’est du luxe authentique. On veut être à nouveau là dans les moments forts de la vie », dit le patron d’une fabrique dont des milliers de clients ont acheté, jadis, les assiettes et le fameux bol émaillé à oreilles. Des petites pièces aux oeuvres uniques, les 27 ouvriers d’henriot sont capables de tout fabriquer, dans des ateliers redimensionnés. Jean-pierre Le Goff veut accueillir encore plus que les 10 000 visiteurs qui découvrent chaque année le travail des « petites mains », dans cette société classée entreprise du patrimoine vivant. « Henriot, c’est un antidépresseur ! », jure Jean-pierre Le Goff.