DES BULLES POUR LA BIGOUDÉNIE
En 1975, Jean Malaurie publie Le Cheval d’orgueil. L’ouvrage – 600 pages mêlant récit autobiographique et analyse ethnologique – est d’un auteur inconnu, Pierre-jakez Hélias, professeur normalien à la retraite, né à Pouldreuzic, bourg de deux milles âmes au coeur du Pays bigouden. Le livre se vend comme des galettes : en tête des ventes pendant 54 semaines, son score dépassera allègrement les 2 millions d’exemplaires du vivant de l’auteur, décédé en 1995. Les raisons de ce succès phénoménal ? Aux uns, qui ne connaissaient pas la Bretagne, Le Cheval d’orgueil fait découvrir, dans un style de conteur, « la civilisation bigoudène », son enracinement séculaire à l’extrême sud-ouest de la péninsule armoricaine, ses traditions fortement ancrées et ses coutumes, dont la célèbre coiffe de dentelle haut perchée sur la tête des femmes. Aux autres, originaires de Bretagne, le « quêteur de mémoire », comme il se définissait, a redonné la fierté d’une langue et d’une culture. Vingt ans après la disparition de Pierre-jakez Hélias, et pour les quarante ans de l’oeuvre, deux auteurs de BD, Bertrand Galic et Marc Lizano se sont lancé un pari plutôt gonflé : adapter Le Cheval d’orgueil en planches et bulles ! Et c’est une vraie réussite. Avec une sensibilité passant par le regard de l’enfant, le récit oscille entre l’aventure, l’apprentissage, la découverte et le mystère. Pierre-jakez Hélias aurait certainement apprécié.