DES MILANDES
LE CHÂTEAU « ARC-EN-CIEL »
« J’ai deux amours, mon pays et Paris », chantait Joséphine Baker en 1930. Si elle avait interprété cette chanson quelques années plus tard, elle y aurait sans doute ajouté son château des Milandes. L’américaine fera de cette demeure Renaissance la « capitale de la fraternité universelle ».
Tout commence en 1937. Joséphine Baker, devenue célèbre à Paris en 1925 grâce à sa Revue Nègre, est de passage dans le Périgord. Elle découvre Les Milandes, un château construit à la fin du xve siècle pour Claude de Cardaillac, l’épouse du seigneur de Castelnaud, qui ne supporte plus de vivre dans l’austérité de la forteresse féodale. Élégantes tourelles, larges fenêtres à meneaux laissant pénétrer la lumière… La chanteuse de musichall ressent un coup de foudre pour cette silhouette Renaissance dominant, depuis une colline, la vallée de la Dordogne. Elle loue le château, et fervente humaniste, y abrite même clandestinement des résistants durant la guerre.
UN « VILLAGE DU MONDE »
En 1947, elle achète le domaine, au moment où elle épouse le chef d’orchestre Jo Bouillon – le mariage a lieu dans la chapelle du château. Ses douze enfants – sa tribu « arc-en-ciel » comme elle l’appelle (adoptés, ils sont de nationalités et de couleurs différentes) – y grandissent dans la bonne humeur. Mieux, la star – figure des luttes contre la ségrégation aux États-unis – souhaite faire de son domaine un « village du monde ». Le premier complexe touristique de la Dordogne y voit le jour : il est baptisé… « Capitale de la fraternité universelle ». Un ensemble ultramoderne pour l’époque est créé autour du château, avec une ferme de 300 hectares, un hôtel de luxe, un parc de loisirs, un minigolf, une piscine en forme de J (pour Joséphine et Jo), des restaurants ou encore un théâtre cubain. Les familles de toute l’aquitaine s’y déplacent massivement, ne serait-ce que pour y passer une journée.