LES FINES LAMES DE NONTRON
La capitale du Haut Périgord est renommée depuis le xviie siècle au moins pour sa tradition coutelière. Sur les hauteurs de Nontron, trône un bâtiment moderne en forme de cube. À l’intérieur, une vingtaine d’artisans fabriquent le fameux couteau de Nontron. Un manche en buis très travaillé terminé en sabot, une lame en acier inoxydable… Rustique et élégant, il daterait au moins du xve siècle. « Un bon couteau ne naît pas n’importe où, note Thierry Moisset, gérant de la coutellerie. Les lames du Nontron étaient trempées dans les eaux froides et pures du Bandiat et utilisaient le minerai de fer local exploité depuis les temps préhistoriques. La présence de nombreuses forges gauloises en atteste, et les historiens rapportent que l’épée de Charles VII aurait été conçue et fabriquée à Nontron ! » C’est au milieu du xviie siècle que cet artisanat se développe grâce à l’implantation de Guillaume Legrand, un maître coutelier venu de Paris. La coutellerie connaîtra son âge d’or au xixe siècle. Acquise par les forges de Laguiole en 1992, la Coutellerie Nontronnaise poursuit son savoir-faire, de façon traditionnelle, tout en se développant, notamment dans les arts de la table, et l’utilisation de matières nouvelles : le frêne, le genévrier ou l’ébène. Quelque 65 000 couteaux sont produits chaque année à Nontron. sur les bords de la Côle et la nature, toute proche. Le village voisin de Villars ne joue pas les stars non plus et pourtant, il s’enorgueillit de pas moins de trois monuments parmi les plus emblématiques du nord de la Dordogne. On dirait même qu’il cherche à dissimuler ses bijoux. Il y a, dans les entrailles de la terre, la célèbre grotte de Villars, découverte en 1953 (lire p. 61), mais, il y a, bien dissimulée dans un écrin de verdure, le château de Puyguilhem, dont la silhouette blanche Renaissance qui surgit, splendide, au bout d’une longue allée de tilleuls, semble sortie de la vallée de la Loire. Propriété de l’état depuis 1939, il a été construit au tout début du xvie siècle pour Mondot de La Marthonie, un noble proche de la cour de François Ier. Lucarnes hérissées de pinacles, fenêtres à meneaux… L’édifice est composé d’un corps de logis protégé d’une grosse tour ronde adossée à une tourelle d’escalier.
DES RUINES ÉMOUVANTES
L’intérieur séduit aussi par son mobilier et sa décoration raffinée et ses cheminées, notamment celle de la grande salle, sculptée de reliefs représentant six des travaux d’hercule. Et à deux pas du château, au creux d’un vallon, perdues entre champs et forêts, se blottissent les spectaculaires ruines d’une abbaye fondée au milieu du xiie siècle avant d’être rapidement rattachée à l’abbaye cistercienne de Notre-dame-de-ré. L’émotion, en découvrant ses fantomatiques murs ouvrant sur le vide, dans un endroit aussi isolé, baigné de silence,