CHÂTEAU DE SANCERRE, DISCRÈTE DEMEURE
La lourde porte cochère donne sur l’esplanade de la Porte-césar. On aimerait la pousser pour savoir ce qu’elle cache mais le site est privé, propriété de la société Marnier-lapostolle. C’est pourtant là que se trouve le château de Sancerre. Pas celui démoli au xviie siècle, sur ordre du gouverneur du Berry, parce que les Sancerrois s’étaient rebellés contre le pouvoir royal. Mais une demeure du xixe siècle aux mains de cette prestigieuse marque. Ah si, une astuce, tout de même ! Le parc est ouvert une fois l’an. Ce n’est pas pour les journées du patrimoine mais à l’occasion de la kermesse paroissiale, le 15 août. Une opportunité à saisir si vous visitez la région à cette période.
8 hectares et pas moins de 7 500 parcelles composent ce damier viticole morcelé. Preuve de sa complexité, malgré la présence de deux seuls cépages, sauvignon pour le blanc, pinot noir pour le rouge, le terroir distingue trois types de sols. Inutile de dire que chacun donne des vins spécifiques et que le savoir-faire vigneron sait croiser avec bonheur les pressées issues de différentes parcelles. Depuis la création de l’appellation en 1931 et l’obtention de L’AOC cinq ans plus tard, le vin a rayonné par ses blancs. Sur les 25 millions de bouteilles produites chaque année, il représente 75 % des volumes. Mais les rouges ont aussi gagné en réputation.
UN BASTION HUGUENOT
Sancerre est le « village-capitale » de la production viticole. Il se repère à son site, éminence rocheuse de 300 mètres d’altitude sur laquelle s’entremêlent des maisons de pierre dominées par le Beffroi et la tour des Fiefs. Le bourg est groupé, facile à visiter, sans monument absolument remarquable, mais avec cette harmonie que confèrent l’homogénéité architecturale et la patine du temps. Il faut flâner dans le coeur étroit, ramassé entre la Nouvelle Place et l’hôtel de ville. Les rues de la Paix, des Trois-piliers, de la Croixde-bois, du Pavé-noir, du Carroir-de-velours et Porte-vieille révèlent de jolies bâtisses à tourelles ou à colombages, des maisons vigneronnes, quelques fenêtres Renaissance… Bref, la marque architecturale d’une histoire laborieuse, commerçante et nobiliaire, dans un ancien bastion protestant dont les murailles furent démantelées après la capitulation des huguenots, en 1573, après un siège de cinq mois. Seule la tour des Fiefs a survécu. La balade offre aussi des opportunités d’achat. Plusieurs