Detours en France

LE DOMAINE DE MALAGAR

LA MAISON DES CHAMPS

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D’un côté, la vallée de la Garonne, de l’autre, les coteaux et les vignes : du haut de sa colline, la chartreuse de Malagar surplombe les paysages chers à l’auteur de Thérèse Desqueyrou­x. Devenue propriété de la région, sa « maison des champs » est restée telle qu’il l’a habitée.

Tant qu’il restera un ami de mes livres, Malagar palpitera d’une sourde vie ». François Mauriac ne pouvait mieux exprimer ce que l’écrivain doit à cette jolie chartreuse, enserrée par deux chais et cernée par les vignes. Son arrière-grandpère l’achète en 1843, lui-même en hérite en 1927. Il y viendra régulièrem­ent tous les ans, à Pâques et pour ses chères vendanges. Il n’en manquera pas une seule jusqu’à sa mort, en 1968.

UNE MAISON TOUJOURS HABITÉE

Notre guide, Agathe, est passionnée par l’oeuvre de Mauriac. Comme d’ailleurs tous les guides de Malagar. Sitôt franchie la porte de la cuisine, l’évidence saute aux yeux du visiteur : il n’est pas dans un musée, mais dans une maison, que l’on dirait toujours habitée. Tout est à portée de main et d’imaginatio­n « Chez Mauriac, la cuisine est une pièce refuge : c’est là qu’on vient chercher des attentions, du réconfort, comme le petit Guillou dans Le Sagouin. À l’inverse, dans les salons et dans les chambres, on souffre. »

UNE PIÈCE D’OR ET DE MIEL

La salle à manger, très bourgeoise, a gardé le décor aménagé par l’arrière-grand-père, une pièce « d’or et de miel » que le petit François adorait. Il y flotte des parfums de cire, les soupières en porcelaine et l’argenterie parlent de repas dominicaux avec les frères et soeurs et plus tard, avec les enfants. Nous voici dans l’entrée principale, située comme dans toutes les chartreuse­s, au milieu. « Depuis les portes-fenêtres, vous avez ici tous les paysages chers à Mauriac. Ici, la vue file jusqu’au sud et aux Landes : Mauriac disait que, les jours d’incendie, l’odeur de résine brûlée montait jusqu’à lui. En face, côté nord, la terre n’est pas bonne, c’est de la mauvaise garenne, Malagarre au xviiie. Seuls des peupliers et des cyprès qu’il avait plantés en souvenir de la Toscane y poussent. » C’est évidemment ce côté nord que Mauriac choisit comme décor dans la scène du Noeud de vipères, où le narrateur entend depuis sa chambre au-dessus du perron ses héritiers conspirer contre lui.

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