ESTAVAYER-LE-LAC : BIJOU SAUVAGE ET MÉDIÉVAL
Elle domine de toute sa splendeur la rive sud du lac de Neuchâtel. Cette cité fortifiée, jadis fief de bateliers et de pêcheurs, est riche d’un patrimoine médiéval exceptionnel, par bonheur merveilleusement bien préservé. Passer la grande porte de Grandcourt, c’est presque effectuer un – féerique – voyage dans le temps. Ruelles pavées de galets du lac, pittoresques maisons fleuries bordées d’arcades... Juste à votre droite, le château de Cheneaux – bâti dès le xiiie siècle sur le modèle du carré savoyard – dresse ses puissantes tours surplombant le lac.
UN PATRIMOINE DE MERVEILLES À deux pas, la collégiale Saint-laurent, de style gothique, domine de son clocher, la place des Halles. En faisant un crochet par la maison de la Dîme, qui abrite un insolite musée consacré aux grenouilles, vous atteignez le monastère des Dominicaines, lieu idyllique où une communauté de moniales contemplatives vit et prie depuis sept siècles! D’ici, un sentier effectue le tour des fortifications jusqu’à la place de Moudon qui offre un point de vue exceptionnel sur le lac et la chaîne jurassienne au nord. Au pied du village, quelques sentiers, entre deux plages de sable fin propices à la baignade, mènent à travers La Grande Cariçaie, vaste zone marécageuse qui doit son nom au grand carex (l’une des plantes les plus abondantes du marais) et qui s’étire sur une quarantaine de kilomètres sur la rive sud du lac.
LA NATURE À PERTE DE VUE Jumelles à portée de main, Christophe Le Nédic, notre guide, est toujours à l’affût de l’envol d’un oiseau rare… Ce biologiste de l’association La Grande Cariçaie nous emmène à deux pas d’estavayer, à Gletterens, aux allures de petite jungle ou de mangrove helvète ! Son organisation veille à la préservation des rivages sud du lac qui, sur quelque 3000 hectares, ne comptent pas moins de huit réserves naturelles. « La Grande Cariçaie est l’une des zones naturelles les plus formidables de Suisse, abritant un quart de la faune et de la flore du pays, dont des espèces protégées telles que l’orchidée Liparis de Loesel ou, côté oiseau, la rousserolle turdoïde, dite la fauvette des marais, précise Christophe Le Nédic. La diversité des milieux est ici extrêmement riche, entre zones côtières peu profondes, grèves sablonneuses où les limicoles viennent chercher leur nourriture, marais entretenus par le fauchage, et, au bord des falaises, les forêts alluviales. » Pour profiter de ce paysage singulier, menacé par l’érosion, une visite s’impose à Champ-pittet – immense espace de réserves naturelles acquis aux portes d’yverdon-les-bains par Pro Natura (organisation suisse de protection de la nature) – pour les jardins et sentiers parfaitement aménagés, la tour donnant sur les marais, herbiers et roselières aquatiques, les forêts alluviales… Enfin, le lac permet d’observer en toute liberté une pléiade d’oiseaux, parmi lequel la panure à moustaches, emblème de la Grande Cariçaie.
Les rivages sud du lac ne comptent pas moins de huit réserves naturelles sur quelque 3 000 hectares.